Association  des  Familles  Cliche  (AFC)



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Portraits de famille



Sommaire

- Alphonse Cliche: un moulin, quatre générations
- Augustin Cliche, surnommé « le diable blanc »
- Famille Léonce Cliche et Fédora Groleau
- Famille Cliche de Cambrai, France
- Isidore Jeanneau : mon père
- Jacques et Cliche: deux familles étroitement liées
- Jacques Michel : sa famille, sa carrière
- Julien Cliche et Jeannine Mercier: 60 ans de mariage
- Laurent-Gilles Lazure: un patriote, un coopérateur et un bénévole
- Philias Cliche, digne représentant de la branche de Louis Cliche et Sophie Carette





SUR LES TRACES DES COUREURS DE BOIS DES 17e ET 18e SIÈCLES


Augustin Cliche surnommé
« le diable blanc »

par Marcel Cliche

Dans une grande famille, il y a toujours des personnes qui sortent des sentiers battus. Dans le dernier quart du 19e siècle, les sentiers battus conduisent surtout dans l’agriculture et dans les métiers ou professions propres à cette époque : fromagers, forgerons, charrons, opérateurs de moulin à scie, notaires, etc. Chez les Cliche de Saint-Joseph-de-Beauce, un homme de légende, donc entouré de mystère, suscite une vive curiosité. Ils attendent depuis longtemps un texte pour mieux connaître le personnage mais la pauvreté de la documentation a retardé le projet. Maintenant que les circonstances de son décès sont connues, il est temps de révéler ce que nous savons et ignorons sur Augustin Cliche, baptisé par les Esquimaux « Le Diable Blanc »


A- LE MILIEU FAMILIAL
 
Sur une des quatre terres ancestrales des Cliche de Saint-Joseph-de-Beauce naît Augustin Cliche, le 27 octobre 1880.
1. Terre originelle, 4 mars 1773, Jean-Baptiste Cliche (1. Geneviève Bourbeau 2. Marie Lagueux), située du côté est de la rivière Chaudière, au sud de la Terre de la Fabrique (église). Quatre générations l’ont occupée jusqu’en 1922 (Jean-Baptiste, Antoine et Augustin, Jean et Paul Cliche).
2. Terre de Jean-Baptiste Cliche « Catoche » (Marie-Claire Lambert) constituée de trois lots regroupés entre le 28 septembre 1796 et le 1er juin 1830, située du côté ouest de la rivière Chaudière, et depuis 1898, à la limite des paroisses Saint-Joseph et de l’Enfant-Jésus (Vallée-Jonction). Sept générations l’ont occupée ou l’occupent jusqu’à aujourd’hui (Jean-Baptiste « Catoche », Jean-Baptiste (P’tit), Vital, père, Vital, fils, Wilfrid, Raymond et Daniel Cliche).
3. Terre de Pierre Cliche « Pierrette » (Marie-Louise Lagueux) donnée par Jean-Baptiste « Catoche » le 29 septembre 1823 du côté ouest de la rivière Chaudière. La scierie seigneuriale est située sur une portion de ce lot qui longe la rivière Cliche à Saint-Joseph-des-Érables. Quatre générations l’ont occupée ou l’occupent jusqu’à aujourd’hui (Pierre « Pierrette » qui a vécu 98 ans, Vital, le père d’Augustin, Joseph « Français » et Henri-Laval Cliche).
4. Terre de Louis Cliche (Sophie Carette) donnée par Jean-Baptiste « Catoche », le 14 mars 1836, du côté ouest de la rivière Chaudière. Dans les premières terres au sud de la paroisse de l’Enfant-Jésus (Vallée-Jonction) créée en 1898. Cinq générations l’ont occupée ou l’occupent jusqu’à aujourd’hui (Louis, Jean-Baptiste, Thomas « Baptiste », Marcel et Louise Cliche).
Augustin se classe le onzième sur les dix-sept enfants de Vital Cliche (1841 – 1916) qui a convolé quatre fois:
1. [1862] Philomène Mathieu (1842 – 1867) qui en cinq ans de ménage lui donne deux filles qui prirent époux.
2. [1868] Anaïsse Tardif (1846 – 1873), qui dans le même temps que Philomène, enfante à cinq reprises. Une fille et un garçon se marieront.
3. [1874] Agnès Roy (1850 – 1888), fille de Sophie Cliche très apparentée à son époux comme en témoignent les quatre dispenses accordées au couple par l’évêque du diocèse (2e au 4e, 3e au 3e et 3e au 4e degré de consanguinité, et un 4e degré d’affinité spirituelle) mentionnées dans l’acte de mariage. Elle ajoute dix bambins au nid familial. Tous atteignent l’âge adulte. Neuf conquièrent une âme soeur, Augustin reste célibataire et Alfred, né le 28 décembre 1884, constitue une énigme. Son acte de décès n’a pas été trouvé et personne dans la famille n’en a gardé le souvenir.
4. [1888] Célina Lemieux (1848 – 1914), une Lévisienne courageuse et au grand coeur qui se laisse convaincre par un homme au tempérament bien trempé, persuasif et attrayant, de prendre en charge onze enfants de 7 mois à 17 ans et d’accueillir à sa table trois couples déjà mariés. Quoique Célina soit toujours en âge de procréer et Vital dans la force de l’âge, ce lit resta sans progéniture.
Elle hérite entre autres d’un jeune garçon énergique, âgé de huit ans, Augustin, qui dans son enfance et son adolescence participe à tous les travaux de la ferme, y compris le transport des bidons de lait à la fromagerie. Il s’amuse à jouer des tours parfois pendables.
Vers vingt ans, il reçoit de son père une terre avec une sucrerie à Vallée-Jonction, mais il semble qu’un différend qui aurait blessé l’orgueil de son frère Thomas, de trois ans son aîné, serait à l’origine de l’exil. Augustin aurait refusé de s’excuser.

Peu importe les raisons du départ, ce geste est conforme au personnage et les péripéties qui en découlent vaudront des pages intéressantes à l’histoire des Cliche.

B- AUTOUR DU MONDE

Au début du XXe siècle, il se serait embarqué sur un bateau vers une destination inconnue qui l’aurait conduit dans plusieurs pays. Il travaillera comme matelot sur des voiliers et apprit ainsi les secrets de la navigation. Combien de temps a-t-il voyagé et quelles furent ses activités? La seule référence pour évaluer la durée repose sur la tradition orale qui affirme que le Beauceron parlait ou comprenait sept langues. Si ce sont des langues européennes ou asiatiques cela suppose un séjour prolongé, mais ça pourrait être aussi des langues indiennes ou esquimaudes puisqu’il vivra plus tard plusieurs années avec ces peuples.

Une source révèle que voulant revenir en Amérique par le port d’Halifax, il aurait malencontreusement monté sur un cargo qui prit la direction du canal de Suez et du cap Horn à l’extrémité de l’Amérique du Sud, où une violente tempête faillit tourner au drame pour Augustin. La nécessité de détacher les cordes pour enlever les voiles coûta la vie aux deux premiers hommes qui montèrent dans les mâts, mais Augustin réussit la tâche en s’accrochant avec les dents. Voici la première version de l’événement. Une deuxième qui semble une variante de la première raconte qu’il aurait projeté à la mer deux Norvégiens qui l’avaient attaqué et blessé à la tête. Au capitaine qui l’interrogeait sur leur disparition, il répond qu’ils ont été emportés par les vagues.

La suite est une zone encore plus ombragée, mais on peut imaginer que le navire a contourné la partie sud-est de l’île de Vancouver, avant d’accoster au port de Vancouver sur la terre ferme. Il vivra plus tard dans cette partie du Canada. De cet endroit, Augustin a pu rejoindre le Grand Lac des Esclaves dans les Territoires du Nord-Ouest par chemin de terre, sentiers, et par les réseaux de rivières et de lacs sur différentes embarcation

C- AU PAYS DU « GRAND SILENCE BLANC »

Avant 1928, Augustin s’établit dans un pays pratiquement désert : le district du Mackenzie, qui correspond aujourd’hui aux Territoires du Nord-Ouest. Il doit son appellation à Alexander Mackenzie qui a découvert le fleuve qui porte son nom, en 1789. Son bassin couvre 682 000 milles carrés, soit le cinquième de l’étendue du Canada, à l’exclusion des îles de l’Arctique.

Cette immense contrée ne compte en 1902 que 4000 à 5000 Indiens de la famille des Dénés ou Athapascans, de 1300 à 1500 Esquimaux, quelques centaines de Métis qui sont presque tous d’origine française, et qui comprennent et parlent des langues indigènes, des missionnaires et des agents de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ces chiffres ont peu changé quand Augustin Cliche plante sa tente à soixante-dix kilomètres de toute présence humaine dans l’environnement du Grand Lac des Esclaves, le cinquième plus grand lac en Amérique du Nord et le dixième au monde.

En devenant trappeur, il poursuit la tradition des coureurs de bois de la Nouvelle-France (1608 – 1760), qui pour l’aventure et des gains incertains, étaient prêts à tout endurer : le froid, la faim et la solitude. Quand Augustin arrive dans le pays des vents, les autorités commencent seulement à l’organiser, comme ce fut le cas pour les deux provinces au sud, l’Alberta et la Saskatchewan, qui entrent dans la Confédération canadienne en 1905. À l’exception des missionnaires, les blancs qui l’habitent et le parcourent pour des activités reliées au commerce et à la traite des fourrures, ne s’enracinent pas et abandonnent souvent leurs enfants conçus par des Amérindiennes qu’ils ont mariées « à la façon du pays ». « Les réseaux de traite des fourrures nordiques ont été opérés en premier lieu par des voyageurs canadiens-français ou leurs descendants métis ».

Voici quelques repères chronologiques sur l’occupation humaine blanche des régions arctiques :

- 1784 à 1788 : première trace documentaire de la présence de voyageurs francophones dont Laurent Leroux de l’Assomption (Québec actuel) qui ouvre une série de postes de traite pour la compagnie du Nord-Ouest.
- 1786 : quatorze des quinze hommes qui hivernent au Grand Lac des Esclaves sont francophones.
- 1789 : Alexander Mackenzie dans le voyage de découverte du fleuve qui porte son nom est accompagné de quatre « Français » dont il vante les connaissances de ce milieu.
- 1800 à 1810 : soixante-trois employés de la compagnie du Nord-Ouest sont francophones.
- Milieu du XIXe : les Oblats et les Soeurs Grises de Montréal mettent en place au Grand Lac des Esclaves et dans la vallée du Mackenzie d’importantes structures missionnaires.
- 1864 : les régions de l’Athabaska et du Mackenzie deviennent un vicariat, autrement dit un diocèse administré par les Oblats qui fondent plusieurs missions, très actives à l’arrivée d’Augustin.

D- MATÉRIEL, NOURRITURE ET FOURRURES

Vivre en région isolée suppose la débrouillardise de celui qui choisit ce mode de vie. Comme Augustin est habile et adroit, il fabrique et répare une bonne partie du matériel indispensable. Avant les gelées, il construit des bateaux pour les provisions et des caches à poissons pour les chiens.

Pour se déplacer hiver et été, il possède des chiens, une traîne, des raquettes et un ou des canots. Pour la chasse, le travail et sa survie, il dispose d’outils, de fusils, de pièges et du nécessaire pour la pêche des différentes espèces de poisson, pour se nourrir et nourrir ses chiens. Il porte aussi un costume qui le protège des froids qui atteignent jusqu’à moins 50 degrés Fahrenheit. Il peut aussi se procurer dans les missions et dans les postes de traite des biens comme : sel, farine, sucre, thé, tabac, vêtements, chaudière, etc.
La chasse et la pêche fournissent normalement la nourriture en abondance. Parmi les animaux convoités, il y a « le caribou des steppes et celui des bois; l’orignal, le bison (buffle des bois), le boeuf musqué; la chèvre et le mouton des montagnes; le lièvre, l’ours, le porc-épic et l’écureuil, ainsi que les canards et autres gibiers à plumes. Quant aux poissons, les lacs profonds et le fleuve Mackenzie surabondent d’espèces variées et de qualité comme poissons blancs, truites qui pèsent jusqu’à 50 livres, harengs, dorés et un poisson délicieux appelé INCONNU par les premiers explorateurs, et « cooney » par les Anglais. La profusion de la ressource est illustrée par un événement du 30 septembre 1916 où les pères Oblats qui naviguent sur le Grand Lac des Esclaves en furie s’arrêtent à l’île aux Morts pour ramener les frères de la même Congrégation et les dix mille poissons qu’ils ont pêchés.

La chasse aux fourrures représente la seule richesse exploitée dans les immensités nordiques. Elle se pratique avec des pièges, trappes en bois fabriquées sur place, collets en lanières de cuir et autres pièges sur le marché, et avec des fusils de bon calibre. Le produit de la chasse est troqué ou vendu dans les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Les fourrures recherchées sont les suivantes : ours noir, brun, gris et blanc; loup des prairies et loup des bois; le renard rouge, bleu, argenté, croisé et blanc; lynx, martre, pékan, vison, castor, loutre de rivière, putois, carcajou ou glouton, rat musqué et hermine.

Augustin fait surtout la trappe du renard blanc. Il pouvait se faire plus de 4000 $ dans une saison de chasse, somme importante pour l’époque. Dans ses longues pérégrinations de chasse, il s’est fait surprendre plusieurs fois par de terribles poudreries. Pour ne pas se perdre et survivre, il se couchait sur la glace au milieu de ses chiens en attendant que tout se calme.

Ses succès de trappeur, ses connaissances du milieu arctique, son habileté, sa force herculéenne, son endurance, sa témérité et son sang-froid dans les situations périlleuses l’ont fait remarquer de ses pairs, Esquimaux, Indiens et Métis, et des missionnaires. Ceux-ci pour se déplacer sur les cours d’eau qui présentent des dangers : rapides, cascades, bancs de sable et glaces, engagent souvent des guides et des capitaines. Ils disposent d’une flotte d’embarcations qui sont utilisées selon leurs besoins et les conditions de navigation. Ils engagent Augustin comme maître de bateau (capitaine) sur la mer intérieure.

C’est justement au cours d’une traversée où une tempête de vent d’automne soulève des vagues énormes qui rendent la navigation impraticable, qu’Augustin déjà au loin sur le lac réussira le miracle de ramener le bateau à destination. Les Esquimaux sur le rivage n’en croient pas leurs yeux et lui donnent alors le qualificatif de « Diable Blanc ». Les tempêtes d’automne durent parfois jusqu’à une semaine sur le Grand Lac des Esclaves.

E- INSTALLATION DANS LA VALLÉE DE LA CHAUDIÈRE

En 1927, Augustin quitte le pays des aurores boréales et de la clarté estivale, « il fait jour continuel pendant une période de trois mois », pour un retour aux racines. Il réside d’abord à Vallée-Jonction, probablement chez sa soeur Albertine.

Songe-t-il à s’établir définitivement dans la Beauce? Le 5 janvier 1928, devant le notaire Antoine Dumais, Augustin Cliche, trappeur de Beauce-Jonction achète la terre ancestrale des « Pierrette » de son frère Joseph Cliche « Français ». La vente comprend les lots 45 et 49, les bâtisses, dépendances, roulant et animaux. Le vendeur se réserve le garage, son automobile ainsi que le ménage et l’approvisionnement de bois pour l’hiver. Le prix est fixé à neuf mille dollars que l’acheteur paie comptant.

Joseph aurait cédé la terre à cause de problèmes de santé. Hearst en Ontario l’intéressait. Il se rend seul en Abitibi, et voyant que ça ne lui convient pas, il rejoint la famille dans son patelin.






Augustin Cliche en

 carriole
avec

 son neveu
Wilfrid

 Cliche,
lors de son

séjour au Québec

en 1928.
.

Augustin, cultivateur, passe plusieurs soirées à faire du social et à prendre de la boisson à Vallée-Jonction. Ses interlocuteurs sont habituellement son beau-frère Thommy Cliche (Albertine Cliche), son frère Albert (Palmyre Labbé) et le cousin Vital Cliche (Clara Poulin). Il revient éméché en carriole, en chantant « Les cloches du hameau/Chantent dans la campagne/On entend les bergers…/Tra la la, tra la la la la… », et il s’arrête toujours chez un autre beau-frère, Vital Cliche marié à Alphonsine Cliche, il cogne à la porte, ceux-ci sortent du lit, écoutent, et ont parfois bien du mal à cacher leur impatience.

Alphonsine très religieuse ne voulait pas le vexer car elle souhaitait que son frère renoue avec la religion. Elle l’invitait à se confesser, à aller à la messe et elle lui cousait des médailles dans ses vêtements. Ses ressentiments envers l’église à qui il reproche la richesse et le luxe et le mode de vie du clergé, l’emportent sur les arguments de sa soeur.

Il affrontera même sur la religion le chanoine Philibert Grondin, un pionnier de la coopération qui a publié en 1910 le Catéchisme des Caisses populaires et qui a été décoré de l’Ordre du mérite coopératif. Selon un témoin de la discussion « il aurait chauffé la face » du religieux. Les seuls qui trouvent grâce à ses yeux sont les Oblats de Marie Immaculée de l’Ouest qui mènent une vie de privation et de dur labeur pour convertir et rejoindre les brebis dispersées dans l’Arctique.

Cet homme sans peur avait cependant une grande frayeur, le puits de dix-sept pieds de profondeur dans la cour. Il craignait la chute dans ses moments d’ivresse. La solution fut drastique : démolition de la vieille maison et remplissage de la cavité avec le bois de cette dernière. Il reconstruit une nouvelle résidence avec l’aide du jeune Wilfrid Cliche, un neveu qu’il apprécie grandement. Il l’invite même à l’assister sur la ferme et celui-ci accepte, mais la cohabitation fut de courte durée parce qu’Augustin avait l’habitude de pendre la viande à la trappe de lacave pour la faire faisander1, ce qui dégageait des odeurs répulsives pour l’invité. Il semble qu’Augustin était même prêt à lui donner la terre.

L’expérience d’une vie conventionnelle ne dura que dix mois. À titre de cultivateur, il revend, au même prix, la ferme à son ancien propriétaire, Joseph Cliche, le 2 novembre 1928. Il reçoit deux mille dollars comptant et le reste sera en versements annuels à 5% d’intérêt. Augustin se réserve un lit et une table.
Il est vraisemblable qu’il soit resté un certain temps à Vallée-Jonction et des rumeurs disent qu’il aurait donné de l’argent à Albertine Cliche avant de quitter définitivement la vallée de la Chaudière.



Augustin Cliche en anorak avec son beau-frère Vital Cliche et deux enfants de ce dernier.

F- COLOMBIE-BRITANNIQUE
Par la suite, il disparaît des écrans radars. Des personnes de son clan ont essayé de le retracer, sans succès, jusqu’à ce que M. Charles-Eugène Cliche mette à notre disposition des documents importants qu’il a obtenus grâce à sa ténacité et à des démarches auprès d’une relation à Bibliothèque et Archives du Canada qui a pris la cause au sérieux. Ils permettent de le situer et de connaître sa fin.

A-t-il repris ses activités de trappeur dans le Grand Nord canadien? Il est permis d’en douter quoiqu’il puisse avoir continué les mêmes fonctions ailleurs. Des sources indiquent que le Diable Blanc a « planté » sa cabane dans une des régions les plus belles du Canada. Son pied-à-terre est à six milles au nord d’une petite baie, appelée Quathiaski Cove sur l’île de Quadra (Quadra Island), dans le détroit de Géorgie, à dix minutes par traversier de la capitale mondiale du saumon, Campbell River (29 572 habitants, en 2006) et par conséquent à 10 minutes de la côte est, et à mi-chemin entre les extrémités de la grande île de Vancouver, en Colombie-Britannique.

Quadra Island est considérée comme une destination de choix pour les touristes. L’île est réputée pour la pêche au saumon, ses forêts de sapin de Douglas, un phare de 1898 et l’absence de crimes. « Pour les habitants l’important c’est d’observer la politesse et d’afficher un sourire amical ». Elle est entourée de quelques-uns des beaux parcs provinciaux et des sommets les plus élevés de la chaîne Côtière sur le continent et des sommets sur l’île de Vancouver.

De 1929 à 1950, il a sans doute vécu dans le milieu décrit ci-dessus en profitant des facilités pour la pêche et la chasse. Un article d’un journal régional de la Colombie-Britannique et les archives de la Campbell River Genealogy Society lèvent le voile sur la fin de la vie terrestre du Diable Blanc.
En effet, le mardi 21 mars 1950, en après-midi, sur la rive nord de Quathiaski Cove, le corps d’Augustin a été découvert flottant sur le bord de l’eau par le pêcheur Edward McCabe qui vivait dans les environs. Il est présenté comme un homme vivant seul dans une cabane (cabin)…(voir plus haut) et déclaration inattendue, on estime qu’il vivait dans le district depuis plus de quarante ans, donc arrivé vers 1911. Il est évident qu’on a surévalué le temps, c’est un vingt ans qui a paru quarante ans, ou hypothèse moins crédible, Augustin possédait depuis ce temps un abri sur l’île et y venait sporadiquement.

La police de Campbell River a fait les constatations d’usage et la dépouille est transportée dans cette ville, mercredi le 22. Le lendemain, l’enquête du coroner conclut à la mort accidentelle par noyade. Il serait tombé à l’eau le 8 mars 1950. Il a été inhumé dans le vieux cimetière municipal de Campbell River, sur la Sayward highway, dans la section B 4 sur le lot 19. Il s’éteint donc à 69 ans, 4 mois et 10 jours.


Carte de la partie nord-est de l’île de Vancouver.
Augustin a vécu sur l’île Quadra à
six milles au nord de Quathiaski Cove et il fut inhumé à Campbell River.

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Le titre de ce texte aurait pu être « Mythe ou Réalité ». Le départ du Québec et la vie avant l’arrivée dans les Territoires du Nord-Ouest constituent la partie la plus nébuleuse de l’histoire d’Augustin. Par contre, les parties nordiques, beauceronnes et ses derniers jours reflètent la réalité. La source qui pourrait apporter un éclairage nouveau sur Augustin dans les territoires arctiques s’appelle le Codex Historicus, un journal qui consigne les principaux événements locaux dans les missions oblates.

Il y a une certitude, Augustin fut un être exceptionnel qui ne laissait personne indifférent. Même si les qualificatifs d’antireligieux et de révolté ont été employés, les témoignages sont unanimes pour reconnaître les qualités suivantes : habileté dans tous les domaines, honnêteté, générosité et croyez-le ou non, pacifique. Pour toutes les épreuves qu’il a surmontées et tous les défis qu’il a relevés parce qu’il rêvait de réaliser tout ce que les autres ne pouvaient faire, il mérite bien le surnom de « Diable Blanc ». Un grand merci à M. Charles-Eugène Cliche qui à plus de 90 ans travaille toujours pour faire la lumière sur son oncle.

Marcel Cliche

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SCIERIE-MENUISERIE ALPHONSE-CLICHE


Un moulin,
quatre générations


par François Cliche

L’histoire du Moulin Cliche débute pendant l’année 1903 lorsque Augustin Cliche et quelques-uns de ses fils, tous de la paroisse de l’Enfant-Jésus, fondent cette entreprise familiale qui faisait, et refait toujours en 2006, plusieurs produits en bois tels que boiseries et moulures ancestrales, bois de finition intérieure et extérieure, portes et fenêtres, sciage de billots, planage du bois, meubles et autres articles, selon les besoins et les goûts de la clientèle, en plus de la menuiserie générale.


Augustin Cliche, l’un des fondateurs de Beauce-Jonction en 1898, est issu de la famille de Louis Cliche à Catoche et déjà connu comme un excellent menuisier. Il aide notamment au développement du village en produisant du bois de charpente et de finition, des meubles et autres articles pour la construction de nombreuses résidences et entreprises.
Augustin Cliche, l’un des fondateurs de Beauce-Jonction en 1898, est issu de la famille de Louis Cliche à Catoche et déjà connu comme un excellent menuisier. Il aide notamment au développement du village en produisant du bois de charpente et de finition, des meubles et autres articles pour la construction de nombreuses résidences et entreprises.

Le choix de l’emplacement de l’entreprise était également relié jadis à au moins deux facteurs influents. Le premier est d’être à proximité d’un cours d’eau (soit la rivière Morency), dans lequel on s’approvisionne pour le fonctionnement de « l’engin » à vapeur. Le second est d’être aux abords de la voie ferrée sur laquelle on peut recevoir des « chars » complets de bois de Colombie en provenance de l’Ouest canadien. Par contre, cette situation géographique causera bien des problèmes par la suite, et encore aujourd’hui (octobre 2006), lors des crues printanières et « hors saison ».

Malheureusement, à l’été de 1917, deux gros incidents viennent ralentir les ardeurs de la famille. Le 31 juillet survient la terrible débâcle inondant avec plus de 12 pieds d’eau tous les bâtiments, atteignant même le deuxième étage de la manufacture. Puis, en septembre, un grave incendie détruit toutes les installations en plus du bois entreposé à l’intérieur. Rien ne peut être sauvé.

Sans attendre, la famille Cliche se « retrousse les manches » et reconstruit une nouvelle bâtisse, plus vaste, en y installant de la machinerie très moderne.

La deuxième génération

Quelque temps après le décès d’Augustin, survenu en novembre 1925, Alphonse, l’un des fils, rachète la scierie-menuiserie pour continuer l’oeuvre si bien commencée. La clientèle augmentant considérablement, de nouveaux ouvriers sont embauchés pour répondre à la demande.

Vers la fin des années 1920, la scierie-menuiserie Alphonse-Cliche était sans contredit, mis à part la Compagnie du Chemin de fer de Québec Central, le plus important employeur du village. Près d’une trentaine de travailleurs sont alors à son emploi. Parfois, la rue entière était remplie de cultivateurs, venus d’aussi loin que Frampton et East Broughton pour faire scier leurs billots, passant même devant d’autres moulins à scie sur leur route vers Vallée-Jonction. La réputation du moulin Cliche est encore prouvée.
Mais, dans l’avant-midi du 22 octobre 1934, un deuxième incendie ravage de fond en comble les nouvelles installations en l’espace de quelques heures. Après une courte réflexion, on décide de reconstruire à nouveau l’usine, mais cette fois-ci, beaucoup plus grande et surtout en deux sections distinctes (scierie et menuiserie), pour plus de sécurité en cas de nouvel incendie. On prend soin également de surélever le terrain de plus de huit pieds, pensant ainsi se protéger des inondations futures. Cependant, le niveau de l’eau, lors de la débâcle de mars 1936, atteint une fois de plus le plancher de l’usine.

Par chance, les contrats affluent de toute la grande région. Les années passent, les agrandissements se succèdent et les implications sociales aussi. Entre autres, l’entreprise, toujours familiale avec deux des trois fils d’Alphonse, soit Yvon et Paul-Henri, s’occupe de monter en branches de sapin un immense reposoir pour une Fête-Dieu dans la paroisse. Elle transporte aussi par camion, durant quelques années et à tour de rôle avec la Beurrerie Latulippe, tous les enfants du village allant au terrain de jeu situé de l’autre côté de la rivière Chaudière, à Vallée-Jonction.

La troisième génération

Puis, le 8 février 1964, décède Alphonse Cliche, à l’âge de 77 ans. C’est donc deux de ses fils, Yvon et Paul-Henri, qui s’occupent dorénavant de la nouvelle raison sociale Alphonse Cliche Enr., et ce, jusqu’à l’année suivante alors que Paul-Henri prend la direction et continue à opérer l’entreprise familiale qui vient de franchir le cap des 60 ans d’existence.

Vers 1970, on cesse les activités de sciage pour mettre l’accent sur les portes et fenêtres et le bois ouvré. Bien sûr, des inondations viennent cependant, et plus d’une fois, retarder les futurs développements, principalement en 1982, en 1987, en 1991, en janvier 1996, en 1998, et encore le 21 octobre 2006, où la Chaudière est particulièrement dévastatrice. Par exemple, en avril 1982, l’eau est montée si haut qu’elle a atteint les fenêtres de l’entreprise et de la maison familiale. On s’affaire alors à remettre en état de fonctionner toute la machinerie endommagée et à refaire une partie de l’inventaire emporté par le très fort courant de la rivière Chaudière passant alors en pleine rue.

Puis en 1989, François, un des fils de Paul-Henri, remet en fonction l’ancienne scierie de son grand-père. Toute la machinerie datant de 1934 est restaurée pendant l’année 1988. On voit s’ajouter aux produits déjà disponibles la vente de bois de construction, d’articles décoratifs de jardin et de clôtures préfabriquées, puis la vente et la location d’abris d’autos démontables en bois.

Quelques mois seulement après cette belle restauration, François participe à un concours d’écriture organisé par le ministère Emploi et Immigration Canada, en composant un texte décrivant ce travail un peu spécial à la scierie ancestrale. On lui décerne alors le premier prix dans la Province et l’un des trois premiers prix au Canada, parmi plus de mille participants.

Malheureusement, Paul-Henri, qui marque la troisième génération, décède en janvier 2002, à l’âge de 80 ans, mais sans avoir pu traverser le cap du centenaire de l’entreprise fondée par son grand-père en 1903.

Rappelons que François dirige alors, avec trois autres associés et durant les cinq premières années du 2e millénaire, l’entreprise à succès : Trains touristiques de Chaudière-Appalaches, qui se mérite bien des éloges et reçoit à bord de son convoi ferroviaire près de cent mille visiteurs venus de partout au pays, de 2000 à 2005.

La quatrième génération



En 2006, François reprend la tradition.


La scierie-menuiserie de l’arrière-grand-père Augustin est donc en repos, juste le temps de refaire ses forces pour que François, la quatrième génération des Cliche, lui fasse reprendre à nouveau du service le 22 mai 2006, sous la dénomination SCIERIE-MENUISERIE ALPHONSE-CLICHE, déjà réputée pour son travail par excellence.

L’entreprise familiale compte maintenant à son actif une centaine d’années de savoir-faire dans le domaine de la transformation du bois. Durant ces dernières décennies, la scierie-menuiserie Alphonse-Cliche obtient de nombreux contrats de restauration d’anciens édifices et de maisons historiques. Les produits les plus en demande sont les portes à panneaux, les fenêtres à battants et à guillotine, les boiseries antiques, les revêtements avec gorge ou à rainure pour l’intérieur et l’extérieur…

Les installations actuelles datent de 1934 et la machinerie remonte, quant à elle, à 1917 pour l’atelier de planage, et à 1934 pour la scierie et l’atelier de menuiserie et d’ébénisterie situé dans la partie avant. Une section de briques, toujours en place, servait jadis de chambre de la bouilloire à l’époque de la vapeur, et est utilisée de nos jours comme séchoir pour le bois. Tous les autres bâtiments sont des entrepôts de bois sec d’une multitude d’essences : pin, épinette, cèdre, cèdre de Colombie, merisier, frêne, chêne, tilleul (bois blanc)…

Le travail dans cette entreprise ancestrale est relié, depuis sa fondation, à tous les produits du bois. Parlons seulement des portes et fenêtres de style ancien, du bois ouvré pour armoires et escaliers, des palettes à sucre pour les sucreries, des chaloupes à rames, des skis de bois, d’immenses barattes à beurre de huit pieds de diamètre pour la Cie de Laval de Montréal, des crosses de carabine au temps de la guerre… qui ne furent que quelques-uns des produits alors en demande…

Pour compléter l’historique de cette entreprise fièrement beauceronne, notons quelques-unes des réalisations de la famille Cliche :
– les bancs dans le choeur de l’église, à Vallée-Jonction;
– les boiseries et armoires à vin aux Halles des Pères Nature, à Saint-Georges;
– les portes, fenêtres et moulures anciennes de la maison du gardien au Parc du Bois de Coulonge, à Québec;
– les vitraux et persiennes de la chapelle anglicane Springbrook, à Frampton;
– le revêtement extérieur en « clapboard anglais » et les bras d’escalier du Manoir Taschereau, à Saint-Joseph;
– le madrier embouveté des dalles pour l’eau et l’immense roue à godets de seize pieds de diamètre du moulin Groleau, à East Broughton;
– le déclin et moulure verticale en coin de la tourelle du restaurant Val des Sens, à Vallée-Jonction;
– les tables d’exposition en cèdre de Colombie du taxidermiste Éric Bories, à Vallée-Jonction…
– et les boiseries ancestrales, les braquettes décoratives ainsi que le revêtement extérieur tel qu’à l’origine (et non standard) de l’Auberge du Temps perdu, à Vallée-Jonction…

La relance de l’entreprise familiale fondée par mon arrière-grand-père Augustin Cliche en 1903 fut pour moi une passion renouvelée pour la sauvegarde du patrimoine bâti et du savoir-faire ancestral de cette entreprise plus que centenaire. Et bien sûr que la Scierie-menuiserie Alphonse- Cliche viendra bientôt combler une place dans l’histoire touristique de notre belle région.

Au plaisir de vous y recevoir et de vous servir !

François Cliche, propriétaire


Visionnez la vidéo de François sur You Tube:
   
http://www.youtube.com/watch?v=J6q9Hm34wtU



Le moulin en 2012.











Philias (Félix) Cliche:

un digne représentant de

la branche de Louis Cliche

et Sophie Carette


(NDLR: Ce texte sur le grand-père et la grand-mère
de Claire L. Goyette et de sa cousine Linda M. Poirier
est tiré du Dictionnaire généalogique des descendants
de Nicolas Cliche et Marie-Madeleine Pelletier
(générations 1 à 9), page 768. 




La mort, en 1878, de son père (Louis Cliche - Sylvie Nadeau) a sans doute changé la destinée de Philias (Félix) Cliche. Dans les années 1880, il se retrouve outre-frontière. Il sera d’abord bûcheron au New Hampshire.

Une journée chaude change le cours de sa vie. Il observe une jeune demoiselle qui repasse ses vêtements. Surprise! Elle enlève sa jupe et transfère le panier de la jupe sous ses jupons. Leur regard se croise. Ils pressentent qu’ils sont destinés I’un à I’autre. Il avait 2l ans. Elle avait 15 ans. Elle se nomme Joséphine Lamothe. Leur romance est bénie le jour de Noël 1887, à Laconia, New Hampshire. Philias ne veut plus s’éloigner de sa dulcinée, il l’emmène au camp, où elle sera cuisinière.

Dans les années 1890, le couple se déplace au Massachusetts, à Holyoke, où naît leur troisième enfant. Bon sang ne peut mentir, Philias a hérité les talents naturels pour les métiers du bois et de la mécanique des descendants de I’aïeul Louis. Sa dextérité s’exprime dans la menuiserie. Même s’il n’est pas instruit, personne ne peut le prendre en faute sur les mesures lorsqu’il construit des bâtiments.

Ils élisent domicile à Chicopee, Massachusetts. Philias exerce son art dans l’arrondissement d’Aldenville où des maisons de style beauceron surgissent. En 1908 il édifie sa résidence au 22 rue Percy, et en 1909, de l’autre côté de la rue, au 19 rue Percy, celle du premier curé de la paroisse Sainte-Rose-de-Lima; cinq ans plus tard, en 1914, il se construit une nouvelle résidence au 76 rue Percy, baptisée par le voisinage, Maison Cliche, toujours habitée par des gens de la famille. Lucille, sa fille, et Linda Lamagdeleine, une petite-fille, lui succéderont.

Cependant, la plus belle contribution du couple Cliche-Lamothe à la société américaine et leur grande richesse personnelle seront leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, etc.

Les hommes et les femmes des trois premières générations américaines se lient surtout à des Franco-Américains. Les conjoints se nomment Granger, Sansoucy, Labonté, Courchesne, Goyette, Lamagdeleine, Dumas, Turcot, Lapointe, Duclos, Guay, Poirier, Brunelle, Godin, etc.

Il faut signaler qu’au début du XXe siècle, Chicopee et Holyoke comptent une population canadienne-française importante, soit 4200 âmes dans la première et 15 500 dans la seconde. Même à la fin des années 1980, les francophones représentent une forte minorité, 13 859 sur 67 000 habitants à Chicopee et 8169 sur 50 000 à Holyoke.

Ils n’ont pas oublié leurs racines. Rappelez-vous les maisons construites par Philias et le surnom Clairon donné à une fille de Graziella Cliche, Claire L. Goyette, sans doute une réminiscence de l’arrière-grand-mère de Philias, Marie-Claire-Félicité Lambert dite Clairon, femme de « Catoche ».

Ajoutons à cela, l’intérêt pour la généalogie, l’esprit de famille et l’attachement à leur paroisse Sainte-Rose-de-Lima, de Chicopee. Leur emplacement dans le cimetière contient seize lots où reposent plusieurs membres de la famille.

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SOUVENIR DE MON GRAND-PÈRE



Linda M. Poirier



Je n’ai jamais connu Pépère Cliche, puisque je n’étais âgée que de quatre mois lorsqu’il est mort. Mais, on m’a raconté bien des histoires à son sujet, au cours des années.

Une de ces histoires se rapporte à la nuit où je suis née. C’était un jeudi soir vers les neuf heures, le premier mai 1941. Pépère supportait mal l’attente, pendant qu’on me lavait, pour qu’il puisse me prendre dans ses bras. Il a dansé avec moi. Il était tout plein de joie: j’avais les cheveux roux! C’était la première tête rousse depuis la naissance de sa fille Laurianna, ma marraine, en 1907. Il était éberlué! Enfin, ma petite tête rouge!

La deuxième histoire traite du jour de la mort de Pépère. Il voulait qu’on m’amène à lui. On m’a mis dans son lit, et il m’a pris dans ses bras. Il m’a pris par la main et il était en train de causer avec moi quand il a fermé les yeux pour la dernière fois.

J’ai toujours senti qu’il est resté très proche de moi, bien que je ne puisse pas dire que je l’aie vraiment connu.
J’ai toujours entendu dire qu’il aimait bien ses enfants et ses petits-enfants. Il a eu vingt-deux enfants, y inclus plusieurs paires de jumeaux, et des petits-enfants à n’en plus compter.

Une autre histoire que j’ai entendu bien des fois, sans jamais comprendre tout-à-fait, c’est que les enfants n’étaient pas supposés mettre du beurre sur leur pain. Il faut savoir que Mémère Joséphine beurrait le pain, mais mettait la tranche à l’envers, pour que Félix ne sache rien. C’était bien drôle!

J’ai entendu dire que Pépère prenait ses petits pois avec son couteau, plutôt qu’avec sa fourchette. J’ai même entendu dire qu’il prenait son repas en entier du bout de son couteau! Il n’était pas, il faut le dire, une personne instruite, mais on ne pouvait jamais lui faire faute quant aux mesures, lorsqu’il fabriquait une maison ou un autre bâtiment.

Selon l’histoire de la paroisse Sainte-Rose-de-Lima, il a construit la maison où résidait le premier curé, aussi bien que bon nombre de demeures dans le voisinage. Il y a, dans la banlieue d’Aldenville, à Chicopee,
une rue qui porte le nom de Félix, en honneur de mon cher grand-père.

Sa vie, c’était son épouse, ses enfants, sa famille. Il n’avait besoin de rien de plus !

LA MAISON CLICHE


Cette maison, située au 76, rue Percy, dans l’arrondissement d’Aldenville de la ville de Chicopee, Massachusetts, a été construite par le grand-père de Claire et de Linda, Philias (Félix) Cliche, époux de Joséphine Lamothe. La famille y a déménagé le 4 juillet 1914. Tous les petits-enfants (dont Claire et Linda) y sont nés, sauf un seul, Arthur, le frère de Linda. La maison possédait une chambre de maternité et le petit lit que le grand-père Cliche a fabriqué est encore dans cette chambre. La mère de Linda, Lucille Cliche, a toujours habité à cet endroit et aujourd’hui, c’est Linda qui y réside.








Mon père:
Isidore Jeanneau


par Jeannette Jeanneau-Bolduc

Texte paru dans le bulletin Les Cliche, vol 6 no 3 - août 1992

Isidore Jeanneau, mon père, est né en 1901, à Howick. Il était le cadet d'une famille de dix enfants, dont trois filles deviendront religieuses du Saint-Nom-de-Jésus-de-Marie.

Dans son jeune âge, tout comme ses frères, il aidait aux travaux sur la ferme de ses parents. En ce temps-là, on profitait de I'hiver pour se divertir en organisant des veillées chez les amis, les voisins ou les parents.

Il était un beau garçon séduisant, bon chanteur, aimant la danse, et surtout, fin raconteur à cause de son sens de I'humour. De plus, un aveugle lui avait enseigné à jouer du violon; ce qui le rendit fort populaire dans tout le canton.

Un jour, il quitte la terre familiale pour gagner sa vie dans la construction à Montréal. Ensuite, on le voit conduire des tramways dans les rues de la ville.

Entre-temps, il épouse Lucie Provost, qui enseignait à l'école de son enfance. C'est le grand amour. De cette union, quatre enfants naîtront: Jeannette, Marcelle, Diana et Claude.

En 1925, il revient dans son village natal, répondant  à l'appel de son frère Arthur, contracteur et patron de plusieurs employés. Il y a, à cette époque-là, un "boum" dans la construction. Les vieilles granges délabrées cèdent la place à de grands bâtiments plus modernes qui font l'orgueil de la région. Les deux frères Jeanneau savaient aussi bâtir des maisons confortables, spacieuses et solides, encore debout en 1992.

La crise

En 1929, c'es[ le "crash". Les contrats se font rares; les employés sont congédiés; et, finalement, I'usine de portes et fenêtres d'Arthur doit fermer ses portes.

Isidore déménage au village voisin (Saint-Chrysostome). On requiert ses services comme mécanicien dans un garage. Mais la crise économique le rejoint encore et, au bout d'un an, il doit revenir dans son patelin. On le retrouve meunier au moulin à farine appartenant à l'hôtelier de la place.

Par la suite, il exerce plusieurs métiers, comme livreur, conducteur de chasse-neige sur les routes du comté. L'électricité et la plomberie étaient un jeu d'enfant pour lui, mais son métier de menuisier reprend toujours le dessus. Il a même fabriqué des petits cercueils pour les bébés qui mouraient en grand nombre à cette époque.

Le béton n'avait pas de secrets pour lui et son frère Omer. Plusieurs municipalités changèrent de décor à cause de leurs trottoirs; et que dire de leurs perrons d'église !

Isidore n'était pas peureux. C'est à lui qu'on donnait le contrat de repeindre le clocher et le toit de l'église. Sa bravoure lui fit accepter le poste de policier pour Howick. Il était aussi pompier volontaire. Pendant de nombreuses années, il exerça les fonctions de huissier et de commissaire de la Cour supérieure.

Ses études s'étaient limitées au cours primaire, mais son goût pour la lecture, ses contacts et sa soif de tout apprendre faisaient qu'il était renseigné sur à peu près tout. Il s'impliquait dans la société locale, soit comme commissaire et président de la commission scolaire, soit comme marguillier et membre de la chorale, et même comme organisateur d'élections. Car la politique l'intéressait beaucoup. Il connaissait tout le monde. Un de ses rêves se réalisa lorsqu'il fut élu maire de Howick: enfin un système d'aqueduc et d'égouts pour son village !

La guerre 1939-1945

Durant la guerre 1939-1945, on l'engage comme "millright" à la DIL, une usine de munitions à Saint-Timothée. C'est en travaillant avec les ingénieurs qu'il devint très vite familier avec les plans et devis et les trucs de la maintenance. Ce qui lui permit plus tard d'entrer à l'emploi
d'une compagnie spécialisée dans lesbarrages hydrauliques aussi loin queGrand Falls, au Labrador. Il y fit plusieurs séjours de trois à six mois, malgré I'ennui. Les salaires étaient alléchants et il adorait son travail. En plus, son goût de I'aventure y trouva son comble.

Ses dernières années de vie active se passèrent à la conserverie Green Giant, de Sainte-Martine, toujours dans le même genre d'occupation. Mais un accident de travail lui valut I'amputation d'une jambe à l'âge de 68 ans. Cela ne l'empêchait pas de conduire son auto. Deux ans plus tard, à cause du diabète, son autre jambe subit le même sort. Sans perdre courage, il apprit à marcher avec des prothèses et vécut huit autres années. Il avait déjoué toutes les prédictions de ses médecins.

À l'âge de 42 ans, après le décès subit de sa première épouse, il connut une période difficile. Il avait perdu sa raison de vivre. Six ans plus tard, se retrouvant seul après le départ de ses trois filles, il se remarie avec Annette Dubuc, célibataire. Grâce aux bons soins et au dévouement de cette femme, sa vieillesse se passa dans le calme de sa maison. C'est avec sérénité qu'il accepta son handicap et, étant parfaitement lucide jusqu'à la fin, c'était plutôt lui qui réconfortait ses enfants lors de leurs visites.

Il était le dernier-né d'une famille de dix enfants; mais que de talents ses parents lui donnèrent en héritage! Dommage qu'au début du siècle, l'accès aux études supérieures n'ait pas été universel, car avec sa mémoire prodigieuse et ses idées avant-gardistesl, le destin lui aurait peut-être tracé une vie plus facile et plus sécurisante.

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Isidore Jeanneau,
dans la force de l'âge.















Isidore Jeanneau, son épouse, Lucie Provost et leur fille aînée, Jeannette.








Texte paru dans le bulletin Les Cliche de novembre 1991


Jacques et Cliche: deux familles étroitement liées

par Marcel Cliche
historien

Si les Cliche ont du panache, les Jacques ne leur cèdent rien en ce domaine. L'allure fière et conquérante, le verbe coloré et gaillard et un penchant pour la fête caractérisent ces deux familles dont les faits et gestes ont agrémenté les conversations de leurs concitoyens. S'ils ne pèchent pas par excès de modestie ou s'ils rivalisent entre eux, c'est peut-être que les uns ou les autres ont de qui tenir ! Jacques ou Cliche ? Cliche ou Jacques ?
Les origines et les alliances entre les deux clans remontent loin dans le passé et elles ont sans doute forgé les traits de caractère qui expliquent certaines similitudes. Ils ont arpenté les mêmes paysages et ils ont subi les mêmes influences puisque les ancêtres des Cliche et des Jacques proviennent de la même province de France: la Picardie. (...)

En Nouvelle-France

Les Cliche apparaissent dans l'histoire de la Nouvelle- France, en 1671, précédant de quelques années les Jacques. Leurs chemins se croiseront à Charlesbourg.

Louis, l'ancêtre de tous les Jacques d'Amérique, épouse Antoinette Leroux, à Québec, en 1688; et le couple se fixe à Bourg Royal, une division de Charlesbourg. À quelques terres de distance, Vincent Cliche, fils de Nicolas, l'ancêtre des Cliche en Amérique, reçoit en donation une terre à I'occasion de son mariage à Marie-Anne Choret, en 1711.

Les premiers liens entre les deux familles se concrétiseront en I771 par I'intermédiaire de la famille Bourbeau, qui demeure dans le voisinage des Cliche. Un petit-fils de Vincent, Jean-Baptiste, épousa, cette année-là, Geneviève Bourbeau et devint ainsi le beau-frère de Augustin (Joseph) Jacques, qui avait convolé en deuxièmes noces avec Marguerite Bourbeau, la soeur de Geneviève, le 11 avril 1768.

Par la suite, I'action se déplaça vers la Nouvelle-Beauce. Augustin, mieux connu sous le nom de Joseph, et Jean-Baptiste se retrouvent dans la seigneurie de la Gorgendière. Augustin est un familier de la vallée de la Chaudière, puisque son père, Pierre Jacques, marié à Marie- Ambroise Chalifour, en 1720, peut revendiquer I'honneur d'être parmi les sept premiers colons de Saint-Joseph, et sa concession, située du côté ouest de la rivière, est l'une des deux seules où une même lignée ancestrale y oeuvre depuis les origines. Les occupants actuels (en 1991) de la terre sont André Jacques et Cécile Jacques, cette dernière étant la petite-fille d'Aurélie Cliche et l'arrière-petite-fille de Sylvie Cliche.

Pour sa part, Jean-Baptiste Cliche et Geneviève Bourbeau, qui sont la souche de tous les Cliche de la Beauce, s'installent à Saint-Joseph, en 1773, sur une terre voisine de l'église. De là s'échafauda tout un réseau de parenté entre les Cliche et les Jacques. Il faut cependant préciser que la première union consacrée
entre les Cliche et les Jacques le fut à Charlesbourg, lorsque, en 1796, Pierre-Alexis Jacques, à Nicolas- Alexis, à Louis, à Nicolas, frère de Pierre installé dans laBeauce, prend pour épouse Marie-Louise Cliche, à François, à Ignace, à Vincent.

Liens par les Bourbeau

Les deux premières générations descendant des couples Augustin Jacques-Marguerite Bourbeau et Jean-Baptiste Cliche-Geneviève Bourbeau sont des cousins germains et des petits cousins

Cependant, c'est à la troisième génération que se dessine vraiment le résea entre les deux familles.

Ces liens se noueront surtout à partir de la descendance de Augustin (Joseph) Jacques et de Jean-Baptiste Cliche (Catoche).

Les Pierrette à Catoche

Le 13 janvier 1852, à Saint-Joseph, nous assistons à un mariage double entre frères et soeurs: Vital et Rose-Délirnas Jacques, enfants de Charles, à Charles, à Augustin, s'unissent respectivernent à Sylvie et Jean-Baptiste Cliche, enfants de Pierre (Pierrette) à Catoche.

De Vital Jacques et Sylvie Cliche sont issues les branches les plus connues et les plus typées des familles Jacques, soit les "Charlette", les "Bébés à Rolie" et les "Fortunat". Aujourd'hui, la très grande majorité des Jacques de la paroisse-mère s'y rattachent.

De génération en génération, de nouveaux liens se tisseront entre ces trois branches de Jacques et les branches des Catoche. Nous allons vous en donner un aperçu.

Les "Charlette"


La terre de Charles Jacques fut concédée à Joseph Jacques (Augustin) par le sieur Louis de la Gorgendière en 1769. Sise dans le voisinage du moulin des fermes, elle est la deuxième plus ancienne ferme ayant appartenu àdes Jacques, à Saint-Joseph.

Le surnom de "Charlette" vient de la filiation des propriétaires où se suivent trois Charles: Joseph (Augustin), Charles, Charles, Vital, Charles et Odilon.

L'emprise Catoche sur les Charlette va doubler lorsque Antonia Cliche (à Geddy, à Vital, à P'tit Baptiste, à Catoche) épousera, en 1906, Odilon Jacques, qui est aussi un Pierrette à Catoche par sa grand-mère, Sylvie Cliche.

Antonia, une super-femme, mettra au monde, sur une période de 27 ans, 21 enfants, dont deux couples de jumeaux. À travers ses grossesses et sa marmaille, elle trouva le temps de filer, tricoter, tisser et coudre comme une magicienne, puisqu'elle tirait de multiples chemises de pièces d'étoffe que lui apportait son mari. À cela s'ajoute la traite de plus de 40 vaches avec l'aide de ses filles. Toute cette besogne s'effectuait dans la bonne humeur, au dire de ses proches.

Cette nouvelle souche produira de nombreux rejetons. Plusieurs d'entre eux ont oeuvré ou oeuvrent encore dans le secteur agricole. L'un d'eux, Antoine (Gisèle Labbe), s'est distingué comme céramiste. Ses oeuvres
parcourent le monde et, dans I'encyclopédie des itinéraires de voyages du Sélection Reader Digest, Antoine, désigné comme potier, illustre notre région.

Les "Bébé à Aurélie" ou "Bébé Roli"


Dans cette branche familiale des Jacques, les Cliche sont présents à tous les niveaux. Comme pour les "Charlette", il s'agit d'un amalgame de Pierrette et de P'tit Baptiste à Catoche.

Joseph Jacques, un des fils de Vital Jacques et de Sylvie Cliche, épousa, en 1885, Aurélie Cliche, fille de Vital, à P'tit Baptiste, à Catoche.

Aurélie est à I'origine du surnom de cette lignée parce qu'elle désignait son fils, Joseph, sous le nom de "Bébé". Les "Bébé à Aurélie" se distinguent par leur joie de vivre, leur bonne humeur et le goût de la fête. D'ailleurs "Bébé" sera le pionnier des fêtes à la tire. Ses fils prirent la relève et la cabane à sucre à Léon, animés par ses enfants et ses petits-enfants, jouissait d'une renommée qui dépasse largementles frontières du Québec.

Il ne faut pas oublier un autre trait important de leur caractère: leur goût pour le comrnerce et les marchés.
Un autre fils d'Aurélie, Wilfrid, sera arpenteur-géomètre et sa fille, Marguerite, sera, durant plusieurs années, I'organiste de l'église de Saint-Joseph.



Les "Fortunat"

Nom prédestiné que celui de Fortunat puisqu'il est synonyme d'hommes entreprenants qui possèdent l'art des chiffres.

Fortunat, fils de Vital Jacques et de Sylvie Cliche, épousa en 1899, Zénaïde Roy. Il succéda à son père sur la ferme que celui- ci avait acquise, au sud du village, du côté est de la rivière Chaudière, en 1866. Cette terre était d'abord destinée à Charles (Agnès Cloutier) qui l'exploita peu de temps. Devant son peu d'attrait pour ce site, il retourna sur le bien ancestral et Vital, le paternel, vint prendre sa place. Il y construisit une spacieuse maison de style monumental où Fortunat et Zénaide conçurent une belle famille.

Fortunat était un agriculteur, mais aussi un commerçant et un homme d'affaires averti. Il n'hésitait pas à prendre le train à Saint-Joseph avec un troupeau de porcs, qu'il promenait à travers les rues de Québec jusqu'au marché.

Les autres


De Vital Jacques et Sylvie Cliche, il ne faut pas oublier le fils Florentin (Élise Lessard), dont le seul fils, Odilon, épousa Marie-Ange Doyon, enfant née du deuxième mariage de Aurélie Cliche à Johnny Doyon.

Florentin ne passait pas inaperçu dans son milieu. Homme d'action, il savait organiser des élections et des constructions de routes. Coloré, il aimait s'amuser et détendre I'atmosphère. Fier et généreux, il fit don de la lampe du sanctuaire et de la couronne de saint Joseph, au-dessus du grand autel de l'église paroissiale.

Par ailleurs. Joseph (Augustin) Jacques, qui avait épousé Marguerite Bourbeau, en 1768, s'était remarié, en troisièmes noces, à M.-Véronique Marcoux, le 8 février 1779, à Sainte-Marie. Les rejetons de ce mariage seront nombreux et encore une fois à travers les générations nous retrouvons plusieurs mariages Jacques-Cliche. Citons-en quelques-uns:
Ephrem Jacques et M.-Amanda Cliche, en 1883; Laura Jacques et Alphonse Cliche, en 1910; Marie-Célina Jacques et Napoléon Cliche, en 1911; trois soeurs: Laura, Angéline et Alfréda Jacques, respectivement à Thomas (1911), Jean-Thomas (1920) et Philippe Cliche (1929); Joseph Jacques et Fédora Cliche, en 19l2; et enfin, Georges-Émile Jacques à Blanche-Irène Cliche, en 1938.


Deux autres alliances entre Jacques et Cliche proviennent du mariage de Claude Jacques, frère de Augustin, à Agathe Consigny, en 1762, à Saint- Joseph. Il s'agit de Mathilde Jacques à Augustin Cliche, en 1875, et de Joseph Jacques à Alfréda Cliche, en 1928.
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De la Picardie à Charlesbourg et de Charlesbourg à la Nouvelle-Beauce, les Cliche et les Jacques se sont suivis, se sont rencontrés, se sont trouvé des affinités, se sont aimés... de telle sorte que presque tous les Jacques de Saint-Joseph de Beauce peuvent "se vanter" d'avoir du sang de Catoche dans les veines.
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Laurent-Gilles Lazure:

Un patriote, un coopérateur
et un bénévole


par Marcel Cliche
Texte paru dans le bulletin Les Cliche, vol.7, no 4, novembre 1993


L'Association des familles Cliche est heureuse d'accueillir dans sa confrérie des membres à vie, Laurent- Gilles Lazure. Son implication dans le déchiffrement de l'histoire des Cliche témoigne des engagements et du dynamisme qui particulrisent son existence.

Laurent se rattache à la branche dite de Châteauguay. Elle origine de Noël Cliche qui épousa, le 19 septembre 1763, Catherine Guillot, à Saint-Joachim-de-Châteauguay. Noël était le fils de Claude (Marie- Josephte Dubois) et petits-fils de Nicolas (Marie-Madeleine Pelletier), tous deux de Québec.

La mère de Laurent, Laura Jenneau, a été baptisée le 27 mai 1887 sous le nom de Marie-Laura Cliche, fille de Cyprien Cliche et d'Antoinette Brault, de Sainte-Martine-de-Châteauguay. Cyprien et ses frères portaient le surnom "Jenneau" et, au tournant du 20e siècle, le surnom supplanta le nom Cliche.

Laura épousa Joseph-Philorum Lazure dans la paroisse de Saint- Jean-Baptiste de Montréal, le 26 mai 1908. Ce dernier la taquinait en disant qu'il avait marié une petite Cliche. Après quelques années à Montréal, où Laurent-Gilles vint au monde, le 10 janvier 1920, la famille ernménage à Saint-Hyacinthe où le père fut chef de gare de 1920 à 1950.

Les enfants Lazure (Laurent, Fernand et Ghislaine) grandirent donc dans cette ville, surnommée "la capitale québécoise de l'agro-alimentaire". Laurent fit son primaire et ses études classiques au séminaire de l'endroit. Par la suite, il embrassa la carrière militaire.

La carrière militaire

Avant la guerre de 1939-1945, il fut attaché au régiment de Saint- Hyacinthe. Mais, en avril 1940, il reçoit son appel militaire et doit se rapporter au camp des recrues de Sherbrooke.

Sa formation se poursuivit à Farhnam et à Valcartier où il rejoignit les Voltigeurs de Québec. Mais l'étape décisive de sa formation se déroula à Brockville, en Ontario, où, en trois mois, il dut s'initier à la langue anglaise tout en apprenant le métier d'officier. Il se spécialise dans les blindés, les chars d'assaut, et se retrouve second lieutenant avec 30 soldats à diriger.

Par la suite, tout va très vite. Il rejoint son unité à Borden, séjourne au
camp de Dundurn, en Saskatchewan, où il devient lieutenant dans l'armée motorisée, puis revient à Borden avant de se retrouver à Sussex, au Nouveau-Brunswick.

Le mystère et les inquiétudes commencent en juillet 1943, outre-mer, où notre Maskoutain se retrouve dans l'infanterie canadieme. Il participe à I'invasion de la France, de la Belgique et de la Hollande. Il se distingue dans ce dernier pays dans l'opération du Régiment de la Chaudière qui se traduit par la prise de Leuth et des digues, nombreuses dans cette région.

Dans l'édition du 19 février 1945du journal militaire "Maple Leaf Arrny Newspaper" nous pouvons lire: "Lieutenant L.G. Lazure, St-Hyacinthe, and his platoon did a superjob on hitting the dike", the comrnanding officier said".
Mais en mars 1945, la farnille Lazure, qui vivait dans une perpétuelle anxiété, reçut un télégramme des autorités militaire: Laurent avait été blessé en Allemagne; il avait reçu un éclat d'obus dans la jambe droite.

Ses services dans les Forces armées canadiennes lui valurent de nombreuses décorations, dont l'Étoile 1939-1945, l'Étoile de campagne France-Allemagne, la Médaille de la défense du Royaume- Uni, la médaille du Service Volontaire Canadien et la Médaille de la guerre 1939-1945.

Encore, en 1992, il recevait une récompense prestigieuse: la Croix du
combattant de l'Europe. Elle est décernée par la Confédération euporéenne des anciens combattants, avec l'approbation des organismes de Strabourg, pour souligner les mérites des anciens combattants de l'Europe et de leurs alliés.

Après la guerre

Quelques mois après son retour au pays, la Fonction publique du Canada requiert ses talents en tant qu'officier de réhabilitation des anciens combattants. Il s'occupe, entre autres, des cours de formation professionnelle.

Le 2 juin 1947, il épouse Jeanne St-Roch. Trois filles naîtront de cette union: Suzanre, mariée en 1972 à Michel Bernard, a deux enfants, M.-
Michelle et Catherine; Diane qui épousa Daniel Bousquet, en 1973, a trois enfants, M.-Hélène, Isabelle et Simon; Christiane, mariée à Michel Gilbert en 1979, a deux enfants, Caroline et Sarah.

La retraite de la fonction publique arriva en 1979, mais Laurent demeure actif dans les cercles des anciens combattants. Plusieurs organismes profiteront de ses lumières: la Légion canadienne, dont il assumera la présidence à une certaine époque, l'Amicale du Régiment de la Chaudière, le musée Cyrille-Vaillancourt, à qui il fait don de ses souvenirs militaires, les Compagnons combattants du Régiment de la Chaudière, le cercle des officiers du Régiment de Maisonneuve, les Voltigeurs de Québec et la Fondation du "Mémorial aux Anciens combattants".

La coopération

Les énergies de Laurent déborderont la scène militaire. Il a toujours cru dans la coopération et il fera sienne la philosophie d'Alphonse Desjardins du "un pour tous".

Dans les années 1950, il parcourt les rues de la paroisse Saint- Sacrement à Saint-Hyacinthe pour persuader ses concitoyens des vertus de l'entraide et de la coopération. Il en résulte la création de la Caisse populaire Bourg-Joli de Saint-Hyacinthe, en 1957. Il siège sur le premier conseil d'administration de la caisse.

Par la suite, il poursuit son travail au sein du Conseil de la coopérative d'épargne et de crédit de Douville, où il occupe toujours un poste, comme il le dit lui-même, au "sénat de l'institution", c'est-à-dire la commission de crédit. D'ailleurs ses mérites furent soulignés, en 1983, par la Confédération des caisses Desjardins dans le territoire de la Fédération du Richelieu- Yamaska, qui lui remet une plaque souvenir et lui adresse des témoignages de reconnaissance pour son engagement de plus d'un quart de siècle dans la promotion des coopératives.

En 1988, il reçoit, dans le cadre de l'Ordre du mérite de Saint- Hyacinthe, un Méritas pour ses actions de bénévolat: "Les actions qu'a posées M. Lazure sont reconnues comme étant une contribution importante à la vie maskoutaine d'aujourd'hui" peut-on lire sur le Méritas.

Son bénévolat se poursuit également dans le domaine paroissial. Ainsi il fut marguiller, pour un mandat de trois ans, de la paroisse Sainte-Eugénie, et demeure un membre actif du club de l'âge d'or et de la Fondation du centre hospitalier Honoré-Mercier.

L'histoire et la généalogie

D'autres passions, comme l'histoire et la généalogie, illustrent la polyvalence et la soif de savoir de notre petit-cousin Laurent. La clientèle du centre des archives du séminaire de Saint-Hyacinthe peut toujours bénéficier de ses conseils. De plus, il a été responsable de la section généalogie à la Société d'histoire régionale de Saint-Hyacinthe, de 1979 à 1992.

À titre personnel, il a aussi entrepris des recherches sur les familles auxquelles il est lié. C'est ainsi qu'en 1988, l'existence d'une association des familles Cliche le pousse à poursuivre plus avant ses recherches sur la branche familiale de sa mère.

L'énigme d'une identité nébuleuse le stimule et le pousse à l'attaque. Bientôt, répertoires, registres, recensements et contrats révèlent les secrets d'une lignée rattachée à Nicolas Cliche, qui, jusqu'en 1987, était restée dans l'ombre. Généreux, il partage avec son correspondant beauceron les fruits de ses trouvailles. Laurent agrémente ses envois de
documents sérieux ou humoristiques qui font la joie de votre historien.

Il produit un dictionnaire des familles Cliche, Jenneau et Noël de Châteauguay  qui contient une mine de renseignements. Il ne s'agit pas seulement d'une nomenclature de noms; l'ouvrage est composé d'informations variées: naissances, mariages, décès, parrains, marraines, métiers, parfois, causes des décès, déplacements des personnes, contrats, etc. Grâce à ce travail, nous avons maintenant les outils qui éclairent un grand pan de l'histoire des Cliche.

Sa retraite est marquée du même sceau que sa carrière: engagement, travail et défis relevés. Nous pouvons affirmer sans nous tromper, en paraphrasant Jean-Marc Chaput, que Laurent-Gilles Lazure fait partie du groupe restreint de ceux qui font les parades et non de la foule qui les regarde passer.



Laurent Gilles Lazure















Laura Jeanneau (Marie-Laura Cliche), mère de Laurent-Gilles Lazure















Cyprien Cliche dit Jenneau et son
épouse Antoinette Brault, grands-parents
de Laurent-Gilles Lazure.

















Roma Jeanneau et Laurent-Gilles Lazure, lors de la fête des Cliche, à Sainte-Marie de Beauce, en 1993.












Avis de décès de
M. Laurent-Gilles Lazure


À St-Hyacinthe le 10 juin 2007 est décédé à l’âge de 87 ans M. Laurent-Gilles Lazure, époux de Mme Jeanne St-Roch, demeurant à St-Hyacinthe. Outre son épouse, il a laissé dans le deuil ses filles : Suzanne (Michel Bernard), Diane (Daniel Bousquet) et Christiane (Michel Gilbert). Également ses 7 petits-enfants: Marie-Michèle, Catherine, Marie-Hélène, Isabelle, Simon, Caroline et Sarah, un arrière-petit-fils Éloan, sa soeur Ghislaine Lazure (feu Lionel Lemire), sa belle-soeur Lucille Chicoine (feu Fernand Lazure) ainsi que ses belles-soeurs de la famille St-Roch et plusieurs neveux et nièces. Les funérailles ont eu lieu le jeudi 14 juin à 10 heures en l’église Ste- Eugénie de Douville, suivies de la crémation.

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Les familles

Cliche
de

 Cambrai






par Bernard Cliche

Les origines des familles Cliche de Cambray au- delà du 17e siècle sont peu connues; les archives d’état civil, tenues par l’Église à cette époque, ont été souvent détruites à la Révolution (1789). Fin 16e et début 17e siècle, c’est l’époque de l’immigration vers le Canada.

L’ancêtre identifié est Constant Cliche (1740- ?), tonnelier dans l’Aisne (Laon). Son fils Auguste (1773-1827) a eu 11 enfants, dont beaucoup sont morts en bas âge. Une de ses filles, Pauline (1805-1880) eut un fils, Isidore (1833-1918) avec Zoé Gras.

Isidore est notre arrière grand-père, mais aussi l’ancêtre le plus connu. Fondeur de son métier à Valenciennes (on trouve encore des plaques de voirie en fonte à son nom), il fut surtout un homme de lettres qui a, de ce fait, laissé plus de 300 communications qui seront, grâce à un historien de Valenciennes, publiées en 2006.

Celles-ci traitaient de l’histoire locale, des personnalités de l’époque et de la dentelle, spécialité de Valenciennes. On y retrouve le récit de la visite de cette ville par Napoléon III en 1868.

Isidore eut deux fils, Georges (1857-1943) et Albert (1862-1939).  Georges, journaliste spécialisé dans l’art théâtral et musical, connaissait de tête opéra et opéra comique. Marié à Octavie Podevin, il eut 3 fils: Maurice (1887-1969), Marcel (1890-1986), officier, blessé durant la guerre de 1914-1918, puis fait prisonnier en 1940, eut une carrière militaire exemplaire, et René (1897-1982), commerçant à Valenciennes.

NOTRE GENERATION



Tous nés Cliche
(De gauche à droite, en commençant par le haut) :
Daniel, Bernaed, Michel, Francis,
Hervé, Joël et Jean-François.




Maurice, notre père était comptable, puis responsable financier d’une importante su­cre­­rie près de Cambrai. Il a épousé Hélène Lambert, femme généreuse mais de caractère. Tous deux, catholiques pratiquants, nous ont donné le sens des valeurs, du courage, de l’honneur et de la générosité. Engagés dans la vie locale, ils ont fait rayonner leur union dans le service aux autres, efficace et discret. Ils ont eu l’admiration de leurs cinq enfants et de tous ceux qui les ont connus.

Notre famille actuelle est donc la 6e génération identifiée. Michel (1913-    ), l’aîné, a coprésidé les retrouvailles canadiennes de 1987, et accueilli le passage des cousins à Cambrai, en 1990. Expert comptable, il a eu 5 enfants. Ses talents de peintre sont bien connus à Cambrai.

Puis Monique (1917-   ) vit à Saint-Amand avec sa fille Bernadette, mère et grand-mère. Nos deux frères Jean-Marie (1923-1991) et Claude (1927-2002) nous ont quittés. Jean-Marie, commerçant, a eu 2 filles avec Huguette Colombier et 5 petits-enfants. Claude, chef d’entreprise, a eu 2 garçons et une fille avec Marie-Louise Herlem et 8 petits-enfants. Son fils Joël, médecin et patron d’une clinique à Cambrai, nous avait accompa­gnés en 1987, au Canada. Il a lui-même 5 enfants.


FAISONS DAVANTAGE CONNAISSANCE

Enfin, Bernard, le signataire de cette petite histoire familiale, et maintenant membre immortel de l’Association des familles Cliche, est marié à Micheline Briallart. Nous avons eu 3 enfants: Fanny, Benoit et Marina, tous trois connus des Canadiens. Nous avons 7 petits-enfants (8e génération).

Ingénieur des Travaux publics, j’ai eu 3 pério­des dans ma vie aussi différentes qu’enrichissantes. Sensibilisé au soleil après ma participation à la guerre d’Algérie comme sous-lieutenant, j’ai abandonné les brumes du Nord en entamant ma vie professionnelle au Sahara, puis en Mauritanie et au Sénégal. Après cette expérience d’ingénieur en travaux dans cette Afrique qui manquait d’équipements, j’ai préféré créer ma propre entreprise de travaux publics à Béziers (toujours au soleil) que j’ai dirigée pendant 25 ans et que j’ai cédée , mes enfants ne souhaitant pas me succéder.

J’ai terminé ma carrière comme directeur des ressources humaines d’une entreprise routière. Parmi les nombreuses fonctions patronales que j’ai remplies, citons entre autres, la Vice- Présidence nationale des travaux publics, la Présidence du Tribunal de commerce de Béziers et enfin, maire de ma commune, Thézan-les-Béziers (2500 h). Ces responsabilités m’ont valu d’être chevalier de la Légion d’Honneur.

Quelques passions, la voile (j’ai eu des bateaux pendant 40 ans) pour sillonner la Méditerranée, le ski que je pratique toujours à Courchevel, le golf avec Micheline quand nous pouvons, et mes petits-enfants qui nous occupent de plus en plus. Je suis Rotarien à Béziers.
Fanny, professeur d’éducation physique, est marié à Claude Robert, viticulteur à Béziers (du bon vin!). Le couple a trois garçons.



MES ENFANTS
Benoit, ingénieur à Paris, a 2 enfants avec sa conjointe Catherine Fayt.

Marina, cadre dans l’industrie pharmaceutique, a 2 enfants avec son conjoint Benoit Iché.

Dorénavant retraité, mais en conservant quelques fonctions pour entretenir les neurones, j’habite à Thézan-les-Béziers, village situé à 12 kms de Béziers, dont l’origine remonte à 972, essentiellement viticole et traversé par la rivière Orb. Les paysages sont variés à proximité des contreforts des Cévennes. La Méditerranée est à 15 kms.









Julien Cliche et Jeannine Mercier
fêtent leur 60e anniversaire de mariage

NDLR: Nous vous présentons un texte de M. Sylvain Cliche, de Rouyn-Noranda, dont les parents, Julien Cliche et Jeannine Mercier, ont fêté le 14 juillet 2013 leur soixantième anniversaire de mariage. Ce texte raconte le jour du mariage du couple, à Mont-Brun en Abitibi, et la fête que leurs enfants leur ont organisée, le samedi 13 juillet 2013.

























Le mardi 14 juillet 1953 a eu lieu le mariage de Julien Cliche, fils de Joseph Cliche, anciennement de St-Frédéric de Beauce, et d’Albertine Cliche, anciennement de St-Joseph-de-Beauce, et de Jeannine Mercier, fille de Pierre Mercier et de Doria Lacroix, de St-Sébastien-de-Frontenac.

Le ciel était tout bleu sans nuage lorsque les cloches de l’église de Mont-Brun ont sonné pour annoncer leur union à 10h du matin.
À la fin de la célébration, tous les participants se dirigent dans le rang 9 et 10 de Mont-Brun chez M. et Mme Pierre Mercier pour un dîner en l’honneur des mariés. Julien fait ça en grand, il achète de la liqueur pour les jeunes et de la bière pour les adultes et la fête commence.

En fin d’après-midi, tout   le monde se dirige chez M. et Mme Joseph Cliche dans le rang 5 et 6 pour un souper encore en leur honneur et la fête continue. En fin de soirée, l’heureux couple se dirige chez son beau-frère M. et Mme Robert Picard qui a épousé la jumelle de Julien. Elle se nommait bien évidemment Julienne. Le lendemain après un dîner chez ses parents, Julien entra dans sa maison qu’il avait déjà terminé de payer avec sa bien-aimée. C’est comme ça que leur vie a commencé.

Jeannine avait malheureusement quelques problèmes pour rendre à terme les enfants lorsqu’elle tombait enceinte. En 1960, elle alla à Montréal et les docteurs ont réglé le problème. En 1961, son premier enfant, tant attendu, arriva prématurément, comme les deux autres enfants suivants, mais bien vivants et vigoureux. Malgré ces péripéties, Julien et Jeannine ont eu une famille de 5 enfants soit : Sylvain, Mariette, Céline, Linda et Laurent. À cela se sont ajoutés 11 petits-enfants et 5 arrière-petits-enfants et de nombreux conjoints, conjointes, amis, amies.

La fête

Le 13 juillet 2013, se tenait le 60e anniversaire de mariage de Julien et Jeannine à la salle des Mooses de Rouyn-Noranda.Un souper juste en famille avait lieu  où  seulement quelques invités spéciaux de la Beauce se sont joints à nous. Ce fut un souper festif et chaleureux. Nous en avons profité pour prendre un verre de vin en leur honneur accompagné d’un bon souper et avoir terminé avec un gâteau succulent.    
Ensuite, nous leur avons donné leurs cadeaux.

Une bénédiction papale de notre Saint-Père le Pape François 1er qui leur offre toutes ses félicitations en provenance d’Italie, que j’ai fait encadrer. Ma mère très pieuse et pratiquante a beaucoup apprécié.

Comme deuxième cadeau, plutôt inusité, un petit bébé castor empaillé se tenant à une petite branche d’arbre sur une base de bois dans laquelle les noms de Julien et Jeannine sont gravés et sur laquelle repose une photo de leur mariage de 1953. Mon père a très apprécié le cadeau, car il  faut savoir que mon père est un trappeur et qu’il en fait depuis très longtemps. Jeannine l’a même aidé dans cette aventure durant de nombreuses années. Ce fut quand même une belle surprise.

À partir de 19h, toute la famille au complet était invitée. C’est alors  que les oncles et tantes accompagnés de quelques enfants sont venus nous rejoindre. Ma sœur Mariette, son mari  Alain Lemay ainsi que ses parents se sont occupés de la musique et ce, tout le long de la soirée. Cependant, mon père n’a pas pu s’empêcher d’aller jouer quelques airs d’harmonica, ma mère a interprété une chanson et M. Clovis Guay nous a joué quelques airs de violon; ce qui a permis à mon père de danser un set carré.

La musique a été interrompue par la présentation d’un PowerPoint qui s’est déroulée en trois étapes: un léger survol concernant les parents, les frères et sœurs des jubilés ; un bloc important sur la vie de Julien et Jeannine et leurs réalisations que j’ai présenté et pour terminer une partie sur la descendance de Julien et Jeannine présentée par ma nièce Valérie Lemay fille de Céline. Cette présentation fut très appréciée par l’auditoire.
Ce fut une belle soirée. Mes parents ont beaucoup apprécié leur fête. Nous tous, leurs descendants, leur souhaitons une longue vie et essayons de les aider du mieux que nous pouvons. Nous espérons les garder encore longtemps avec nous. Que Dieu les protège !


Sylvain Cliche






Jacques Michel, sa famille, sa carrière



Jacques Michel en spectacle à la fête des familles Cliche, le 30 mai 2015

Fils de Cécile Cliche

et petit-fils d’une famille

pionnière de l’Abitibi




L’auteur-compositeur-interprète, Jacques Michel, né Jacques Rodrigue, a vu le jour à Sainte-Agnès de Bellecombe, en Abitibi-Témiscamingue, le 27 juin 1941. Il est le fils de Cécile Cliche et Omer Rodrigue. Cécile est la fille de Joseph Cliche et Alida Giguère. Son ascendance dans la famille Cliche est la suivante: Cécile à Joseph à Bénoni à J.-Baptiste à François à J.-Baptiste (Catoche). Dans l’arbre généalogique des familles Cliche, il se situe à la branche 25.

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Nous vous présentons des extraits d’un texte écrit en 1990 par notre historien Marcel Cliche sur la colonisation de l’Abitibi par des familles Cliche.



Cécile Cliche (1920-2003)



Omer Rodrigue (1916 -2010)

En 1935, la Société diocésaine de colonisation de Sherbrooke décida de développer le canton de Bellecombe en Abitibi. La demande d’Émile Cliche, de Magog, est approuvée par le comité de sélection. Émile est le fils de Bénoni à Jean-Baptiste à François à Catoche. Il sera du contingent arrivé à Bellecombe, le 1er septembre 1936.

Un deuxième fils de Bénoni, Joseph (Alida Giguère) reluque l’Abitibi depuis qu’il a entendu dire par un ingénieur du ministère des Terres et Forêts que le bon Dieu n’a rien fait de mieux que ce coin de pays.

En juin 1938, il quitte East Broughton avec famille à destination de Rouyn. De là, ils se rendent à McWatters où un service de bateau de la CIP, sur la rivière Kinojevis les conduit à leur lot. Cette décision de Joseph de déménager en Abitibi vise à permettre à ses fils de mieux s’établir.

La vie s’anime dans le clan des Cliche de Sainte-Agnès-de-Bellecombe. L’enlèvement des fardoches, la coupe des racines, l’essouchement et l’abattage des arbres, dont des trembles de 30 pouces de souche, occupent toute la maisonnée. Les plus jeunes se voient promettre un fusil de calibre 22 pour augmenter leur productivité.

La mère, Alida, une force de la nature, du haut de ses 5 pieds 10 pouces, participe aux travaux les plus durs. Polyvalente et inépuisable, rien ne la rebute. Elle aura rapidement son jardin qui lui permet de préparer des repas copieux.

Elle confectionne des vêtements à partir de poches de farine que lui apporte Cécile, sa fille, employée à la coopérative du village. Le curé lui offre de la laine; elle va elle-même la chercher au village distant de plusieurs kilomètres et elle revient, à pied, avec la laine, le rouet, sur son dos et 30 livres de sucre, cassonade et fèves « Elle file, tisse et tricote.

Aujourd’hui, il est impressionnant de parcourir les rangs 5 et 6 de Bellecombe (autrefois nommés Rang Cliche), où, sur quelques kilomètres, Joseph et ses enfants se sont façonné de belles terres à même la forêt. Le terrain est plat, les cours des maisons et les gazons sont entretenus jusqu’au chemin. Certaines terres sont en friche et, au bout du rang, la maison de Joseph et d’Alida, entourée de fleurs, trône dans toute sa beauté sauvage.

Marcel, le cadet des garçons, sera le dernier à cultiver sa terre. Seul sa descendance habite encore en I’Abitibi-Témiscamingue. Les autres revinrent dans les Cantons de l’Est, à North Hatley et Katevale.

Parmi ceux-ci, on retrouve Cécile Cliche, la mère de Jacques. Il avait 12 ans (1953) lorsqu’il déménagea en Estrie.


Joseph Cliche, grand-père de Jacques Michel


Au bout du rang Cliche, la maison de Joseph et d’Alida, entourée de fleurs.


Alida Giguère, grand-mère
de Jacques Michel.

Une carrière qui s’étend
sur près de 60 ans

Extraits de différentes sources dont le Dictionnaire de la musique populaire au Québec - 1955-1992, de Robert Thérien et Isabelle d’Amours, publié chez l’Institut québécois de recherche sur la culture, Québec, 1992.



À l’âge de 16 ans, Jacques Michel est chanteur et guitariste des ROCK ‘N’ ROLL KIDS puis des MIDNIGHTERS, deux orchestres de danse de l’Estrie où sa famille s’est établie après son départ de l’Abitibi.

Au début des années 1960, Jacques Michel fonde les COLIBRIS, groupe au sein duquel il interprète des chansons de Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Jacques Brel, etc., et ses premières compositions.

Il entreprend une carrière en solo en 1963 et enregistre un premier 45 tours l’année suivante. Son style est alors très influencé par le folk-rock américain, et notamment par Bob Dylan.

Il donne son premier spectacle à Montréal, au Café de l’Est, en 1965. Quelques mois plus tard, Muriel Millard l’invite à participer à son spectacle à la Comédie-Canadienne.

Le talent de Jacques Michel est dès lors révélé au public et à la critique montréalaise qui se montre très favorable. Il est élu révélation de l’année au Festival du disque de 1965 et remporte le trophée de la chanson yé-yé avec Je retourne chez moi. Malgré ses succès de salles et de critiques, Jacques Michel vend peu de disques.

Après avoir écrit pour LES LUTINS Monsieur le robot et Roquet belles oreilles, deux chansons fantaisistes qui connaissent un grand succès commercial, il lance à la fin de 1968 la chanson Sur un dinosaure qui lui ouvre aussitôt les portes du palmarès. Il domine ce dernier au printemps 1969 avec À cause d’une fleur, chanson pour laquelle il obtient le prix spécial du jury au Festival du disque. Avec ses deux succès du palmarès en poche, Jacques Michel participe à la tournée Musicorama et fait la première partie du spectacle de Mireille Mathieu à la Place des Arts. À cette époque, il est accompagné du groupe de musiciens les JADES.

En 1970, Jacques Michel voit reconnaître son talent d’auteur-compositeur en remportant le Grand Prix du Festival de Spa en Belgique avec sa chanson Amène-toi chez nous, et le second prix au Festival international de la chanson populaire de Tokyo avec Un nouveau jour va se lever. Après avoir participé, en France, à une émission de télévision qui lui est consacrée, il revient dans un Québec encore sous le choc de la crise d’octobre et où sa chanson Un nouveau jour va se lever prend figure d’hymne auprès d’une partie de la population.

Avec les albums Citoyen d’Amérique et surtout S.O.S., album fait en collaboration avec le chef d’orchestre Richard Grégoire et qui demeure sans doute son oeuvre la plus achevée, Jacques Michel devient un des porte-parole de la jeunesse indépendantiste et socialisante. Sa participation aux spectacles Poèmes et chants de la résistance en 1971 et 1973 contribue à l’identifier encore davantage à la chanson engagée.

De 1972 à 1974, il lance quatre albums, dont Dieu ne se mange plus, le plus rock de sa carrière, et connaît beaucoup de succès en spectacle au Québec, dans les Maritimes et en Ontario, aidé par les chansons Chacun son refrain, Pas besoin de frapper pour entrer, Allume mes lumières et Le temps des jours meilleurs.

Installé à North Hatley, il est alors le mentor de jeunes artistes qui travaillent dans l’Estrie, dont JIM ET BERTRAND, les SÉGUIN et son guitariste Gilles Valiquette.

En 1975, Jacques Michel lance Migration, un album empreint de tristesse dédié à sa femme Claire Simard, décédée le 2 avril 1974. Les trois albums qui suivent nous livrent un Jacques Michel plus gai, qui allège le ton de ses chansons. Il touche de nouveaux publics avec les chansons Ceux qui s’aiment, Prends ton temps, Voyez-vous le temps qu’il fait, Le jardinier, Pour toi, Le temps d’aimer, À t’attendre et Tout un carnaval.

Il continue à donner des récitals à la Place des Arts (1975, 1976, 1978, 1979), à effectuer des tournées au Québec et en Ontario, puis lance, en 1980, l’album Passages dans lequel on retrouve le Jacques Michel engagé et «mordant» du début des années 1970. L’album initie la collaboration, au niveau de l’écriture, entre Jacques Michel et sa compagne Ève Déziel, collaboration qui s’amplifiera dans son prochain et dernier album Maudit que j’m’aime lancé en 1982.

Jacques Michel enregistre par la suite quelques 45 tours puis abandonne la chanson en 1987.

De 1985 à 1988, il écrit, en collaboration avec Ève Déziel, les textes et les chansons de l’émission Le village de Nathalie animée par Nathalie Simard. Jacques Michel anime ensuite les séries télévisées On n’a pas tout vu (SRC 1989-1990), Chanson fétiche (TVA, 1990), et Les lauréats (TVA, 1991).

À l’aube de l’an 2000, il prépare sa rentrée dans le monde du CéDéROM avec Qui a croqué la lune, un conte musical interactif destiné aux enfants!

En 2008, M. Michel participe à un concert-bénéfice clôturant le 20e anniversaire de la Fondation Georgette-Lavallée, dont il est le porte-parole.

Reconnu tout au long de sa carrière comme un brillant auteur et un bon mélodiste, Jacques Michel a vu ses chansons endisquées par, entre autres, Isabelle Aubret, Ginette Ravel, Julie Arel, Pauline Julien, Ginette Reno, René Simard et Martine Chevrier.































De retour sur scène après un long silence

ROUYN-NORANDA – Presque 30 ans après son retrait de la chanson, Jacques Michel est de retour en studio pour enregistrer un nouvel album. L’an dernier (2014), sa participation au Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue, lui a redonné le feu sacré.

M. Michel était accompagné sur scène des frères Yves et Marco Savard et il a tellement aimé son expérience qu’il a décidé de faire un retour. « Ça ne m’était jamais venu à l’idée, mais là, après avoir joué en compagnie des frères Savard, j’aimerais bien jammer avec eux de temps à autre », avait-il confié à un journaliste durant le festival.

Un nouvel album

Le musicien a fait bien plus que de jouer avec eux, il a même décidé de retourner en studio en compagnie des deux guitaristes pour y enregistrer un album contenant des versions folk-acoustiques de son vaste répertoire, passant de ses plus grands succès à quelques chansons moins connues, en plus d’une pièce inédite.

La sortie de ce nouvel album de Jacques Michel sera suivie, dès l’été 2015, d’une tournée de spectacles intimistes, en trio avec Yves et Marco Savard. Le coup d’envoi de cette tournée sera donné au Gesù, le 19 juin prochain, dans le cadre de la 27e édition des FrancoFolies de Montréal.








La famille de

Léonce Cliche et

Fédora Groleau





par Marcel Cliche


L’histoire de Léonce et sa famille, promise « il y a des lunes », fait suite à l’article sur Gédéon Cliche, paru dans le bulletin les Cliche, volume 16, numéro 3, octobre 2002. Léonce et Gédéon se rattachent à la branche 26 qui regroupe tous les descendants de leurs arrière-grands-parents Louis Cliche et Sophie Carette (voir famille 561, page 210 du Dictionnaire généalogique des familles Cliche).




Chapitre 1


SUR LA BRANCHE 26 – LÉONCE, À MAJORIQUE, À GEORGES, À LOUIS.

Vous avez compris que Louis et Sophie trônent sur la vingt-sixième des vingt-huit branches que compte l’arbre généalogique des Cliche. Cette branche supporte seize rameaux (les seize enfants du couple Cliche-Carette) dont douze se divisent et se subdivisent en ramilles au fil des générations.

Le quatrième rameau, Georges Cliche, né le 22 octobre 1840, et marié à Lucie Lessard, (apparentée aux Cliche par les Lambert), le 6 octobre 1863, à Beauceville, refuse la terre ancestrale de Louis Cliche située du côté ouest de la rivière Chaudière dans la partie nord de Saint-Joseph-de-Beauce, qui sera annexée à Vallée-Jonction lors de sa création en 1898. Donc, Georges renonce à une terre du bord de l’eau, pour aller cultiver et défricher un lot dans les concessions, dans la partie sud-ouest de l’ancienne seigneurie La Gorgendière. De plus, il doit gravir une côte très pentue de deux kilomètres pour accéder à son bien, le lot 251, du rang Petit-Saint-Antoine. À noter que les concessions ou rangs bornés par des arpenteurs à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle se situent dans le prolongement des terres qui longent la rivière Chaudière, et qu’à une certaine époque les riverains regardaient de haut les gens des plateaux.


Carte cadastrale


Chapitre 2

DES CLICHE AU SUD-OUEST DE LA SEIGNEURIE LA GORGENDIÈRE

À l’arrivée de Georges dans le rang Petit-Saint-Antoine vers 1862, il n’y a que sa cousine Athalie Cliche1 (Augustin Lessard, 2e mariage 8 mai 1860) qui habite le sud-ouest de la seigneurie sur une terre du bord de l’eau qui donne pratiquement sur le lot de son cousin, au bout de sa profondeur. Il s’agissait de la terre ancestrale des familles Dostie de la Nouvelle-Beauce acquise par Augustin Lessard. Ce n’était qu’un début puisque deux frères de Georges le rejoindront : Louis Cliche (1. Sylvie Nadeau – 2. Marie Gagné), né en 1836, premier rameau, et Philias Cliche (Caroline Poulin), né en 1858, quinzième rameau. Plusieurs enfants y naîtront, mais leur présence sera éphémère, puisque les enfants de Louis, fils, se déplaceront à Vallée-Jonction, Saint-Côme-Linière et surtout aux États-Unis, et Philias émigrera vers 1900 à Somersworth, New Hampshire. Toute sa descendance évoluera dans le pays de l’Oncle Sam. Jusqu’en 1850, la majorité des Cliche de la Nouvelle-Beauce habitaient le nord-ouest de la seigneurie, baptisé par l’historien, la « Catocherie ».

Par la suite, les cinq enfants de Georges et Lucie qui prendront épouse seront établis dans le même environnement que leurs parents. Angélina (Joseph Roy, 1884), Thomas (Marie-Frédéline Roy, la sœur de Joseph, 1890), Wilfrid (Mérilda Paré, 1893), dans le rang Saint-Bruno qui fait face au rang Petit-Saint-Antoine, Georges (Marie-Sara Huard, 1889, dans le rang Saint-Charles qui fait suite au Petit-Saint-Antoine, et Majorique (1. Zénaïde Lessard – 2. Génoria Paré) qui hérite du bien paternel et de la terre ancestrale du rameau Georges Cliche.
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Note 1: Avant l’arrivée de Georges Cliche dans le rang Petit-Saint-Antoine, Athalie Cliche, mariée en première noce à Isaïe Lessard, le 10 janvier 1854, vivait dans ce rang, sur le lot 264 qui appartenait à son père, Jean-Baptiste Cliche surnommé le P’tit Baptiste. Au décès d’Isaïe, le 8 décembre 1859, la propriété était toujours dans les mains de Jean-Baptiste Cliche, mais elle deviendra plus tard la possession d’Augustin Lessard, qui lèguera à son décès tous ses biens à son beau-fils, Thomas Lessard, c’est-à-dire le fils d’Athalie Cliche et d’Isaïe Lessard. Thomas sera le seul enfant des deux unions d’Athalie Cliche.

Ferme de Joseph Roy et Angélina Cliche juste avant la 2e équerre. Les ruines dans le tournant sont les vestiges de la fromagerie des Roy. Elle sera remplacée par la maison à toit mansardé cachée derrière la résidence de Valérien Cliche (Rose-Aimée Groleau), au premier plan à droite.





La maison cachée derrière la résidence de Valérien Cliche sera déménagée sur le site de la fromagerie. Elle est actuellement habitée par Clément Cliche (Yolande Roy), à Valérien. Originellement elle était située sur le lot 245 du rang Saint-Bruno.

Chapitre 3

LIEN DE PARENTÉ ET DE PROXIMITÉ

Les liens de parenté et de proximité entre les membres du clan Georges Cliche et leur entourage, c’est-à-dire les habitants au sud-ouest du domaine seigneurial, autant dans la vallée que sur les coteaux expliquent les liens tissés serré entre les familles. Ils impliquent surtout les familles Roy, Lessard, Tardif, Paré, Dostie et Groleau. Les trois dernières ont quitté les terres ancestrales de leur famille respective pour les nouveaux rangs cadastrés (Petit-Saint-Antoine, Saint-Bruno, Saint-Charles, Sainte-Adélaïde et 3e rang du canton de Saint-Victor de Tring), situés au-dessus et dans le prolongement de leurs terres d’origine.

Pourquoi avoir quitté les lots convoités du bord de l’eau? Parce qu’ils vivaient sur les quatre premières terres au sud de la route du rang Saint-Bruno, qui possédaient peu de terrains plats, donc pratiquement pas de fonds, et que l’arrière des bâtisses était pratiquement en pente continue. À noter que la rivière Chaudière a deux lits : le premier est la rivière comme telle, et le deuxième, la vallée inondable très fertile lorsqu’il n’y a pas trop de crues.

À souligner les liens étroits entre Georges Cliche et Lucie Lessard avec Vital Cliche et Sophie Lessard (branche 23). Ce sont deux cousins propres qui ont marié les deux sœurs. Georges travaillera sur la ferme de Vital, et celui-ci, semble-t-il, l’aurait aidé à s’établir sur les hauteurs, et peut-être même l’aurait recommandé à sa belle-sœur, Lucie. À noter que Vital a hérité de la « fameuse » terre de « Catoche », le plus vieux bien (1796) toujours dans le giron de ses descendants. Les fermes de Vital Cliche et Georges Cliche deviendront les deux plus belles exploitations agricoles possédées par des Cliche à Saint-Joseph-de-Beauce. (Voir le tableau généalogique, page 13)

Même si Majorique n’est pas le cadet des enfants du couple Cliche-Lessard, il sera le donataire, c’est-à-dire celui qui hérite des possessions du paternel. Il se peut fort bien qu’en épousant Zénaïde Lessard, la petite-fille d’Athalie Cliche, sœur de Vital à Catoche, et descendante d’une des premières familles de la Beauce, les astres se soient conjugués pour qu’elle se retrouve sur cette concession enviable. À noter que le père de Zénaïde, Thomas Lessard est le petit-cousin de Majorique par sa mère, Lucie Lessard, et que ce dernier est aussi apparenté à Athalie Cliche, ce qui l’obligera à demander deux dispenses du troisième au quatrième degré pour obtenir la bénédiction nuptiale. Les deux tourtereaux se connaissaient depuis leur enfance puisqu’en plus des liens de parenté, ils étaient voisins de terre, quoique distancés par leur domicile respectif, l’un dans la vallée et l’autre sur les côtes. Cela explique sans doute qu’à moins de seize ans pour Zénaïde, et moins de 21 ans pour Majorique, ils soient prêts à cheminer en couple, le 9 février 1891.

Deux enfants naissent de cette union, Gédéon le 21 avril 1892 et Léonce le 6 mai 1894. Ils ne connaîtront pas leur maman puisque, atteinte de « consomption », une maladie qui ne pardonne pas à cette époque, elle s’éteint le 18 octobre 1895, après un peu moins de cinq ans de mariage. Elle avait vingt ans et les enfants ont respectivement 1 an et 5 mois, et trois ans et demi.

Les garçons ne peuvent réaliser la portée de ce départ car mémère (Lucie Lessard) veille et leur donne tant d’amour que Gédéon s’exclame « qu’avec mémère, il n’y avait pas d’enfants mieux que nous. »


La ferme ancestrale pour les descendants de Georges Cliche après cinq générations de progrès (Georges, Majorique, Gédéon, Louis-Aimé et Simon). Elle loge aux numéros civiques 442 et 444, Saint-Bruno. Elle est la seule ferme exploitée et habitée de la division cadastrale, rang Petit-Saint-Antoine, qui comptait environ douze lots à l’origine.


Chapitre 4

ENFANCE ET ADOLESCENCE DE LÉONCE

Quelques mois après le grand départ, le papa prospecte dans le troisième rang de Saint-Victor de Tring, à la quête d’une nouvelle compagne. Il s’intéresse à Génoria Paré, 21 ans, fille de Joseph Paré et Émilie Dostie, des familiers de Majorique puisqe originaires de la deuxième (Dostie) et quatrième terre (Paré) du bord de l’eau, au sud de la route du rang Saint-Bruno. Après un peu plus d’un an de veuvage, il la marie le 1er mars 1897, à Saint-Victor. Léonce a deux ans et dix mois lorsque sa belle-maman prend « possession de la maison ».

Il écoule donc son enfance et son adolescence sur une ferme où tout est planifié. Les exploitants disposent des meilleurs équipements et se modernisent au rythme des progrès dans l’agriculture. La journée de travail commence à cinq heures et se termine à la noirceur. Les enfants participent aux travaux dans la mesure de leur capacité.

Les garçons partagent leur quotidien avec quatre adultes, leur père, leur belle-mère, pépère Cliche (Georges) et mémère Cliche (Lucie Lessard) qui sont dans la soixantaine. Ils ont parfois maille à partir avec leur nouvelle maman, mais comme il a été dit, ils peuvent compter sur mémère qui atténue leur punition et les console. Par exemple, s’ils sont envoyés dans leur chambre avec privation de nourriture, un ange gardien veille et assure les approvisionnements.

De 1900 à 1905, Léonce fréquente l’école située chez M. Alexis Roy au début du rang Sainte-Adélaïde, qui fait suite au rang Saint-Bruno, après les deux équerres. Il s’agit d’une bonne marche de 4,8 kilomètres aller-retour dont la majeure partie du trajet longe leur terre, ce qui est très pratique lorsque de jeunes fanfarons veulent se colleter (colletailler).

Le papa sonne la fin des études de ses deux fils lorsqu’il décide de ne plus engager d’hommes pour le temps des sucres. Il y a de l’ouvrage pour les occuper à plein temps.

Les garçons prennent de l’âge et comme il est coutume dans les entreprises familiales les questions de la relève animent les discussions. Ça va même jusqu’à suggérer les conjointes idéales pour les enfants. Dans le cas de la transmission des biens, la tradition penche vers le cadet quoique ce ne soit pas une règle absolue. Par exemple, « Catoche » (Jean-Baptiste Cliche – Marie-Claire Lambert) a cédé ses possessions au plus âgé de ses fils, le P’tit Baptiste (Marie-Angélique Poulin). Même Georges en cédant la ferme à Majorique a transgressé la règle, car il est le troisième de ses quatre fils. La sagesse dans la règle du cadet repose sur le fait que dans les familles où il y a plusieurs garçons, le choix du plus jeune évite la prise en charge des frères et des sœurs qui ne seraient pas « établis », parce que la plupart ont déjà quitté pour d’autres cieux. Ce n’est pas le cas chez les Majorique car il n’y a que deux héritiers sur les rangs.

Des oreilles ont capté les conclusions de Majorique et Génoria, qui ont d’abord pensé à Léonce comme « gars de la maison », et à Marie-Louise Paré, la sœur cadette de Génoria, pour l’accompagner, tandis que Gédéon pourrait prendre la terre de l’oncle Georges Cliche, fils, frère de Majorique, qui n’a pas de garçons, en épousant sa fille, Fédora Cliche.

TABLEAU GÉNÉALOGIQUE




Chapitre 5

VIE DE JEUNESSE

Déjà à huit ans Gédéon a un coup de cœur pour Marie-Louise Paré, du même âge, en visite sur la ferme des Cliche. À son retour de la sucrerie avec son père, Gédéon l’observe pendant qu’elle s’amuse avec Léonce. Il ne l’oubliera pas.

Il a douze ans lorsque Léonce (les oreilles) lui raconte la conversation de ses parents sur leur vision du futur pour la ferme et pour les enfants. Le temps passe et les garçons pensent de plus en plus à leur avenir en couple.
La résidence de Joseph Paré et Émilie Dostie dans le rang trois de Saint-Victor de Tring, qui fait suite au rang double Saint-Charles et Sainte-Adélaïde, aux rangs 1 et 2 des cantons de Tring et Broughton. Il faut beaucoup aimer pour parcourir plus de onze kilomètres de chemin hasardeux avec sa succession de côtes.

Pour ne pas contrarier ses parents et bien que Fédora Cliche soit un bon parti, Gédéon, dix-huit ans, se présente chez l’oncle Georges pour fréquenter sa fille. Il est heureux de voir et d’apprendre qu’un autre prétendant l’a devancé. Il revient tôt au grand étonnement du papa, à qui il apprend qu’il a jeté la serviette, dans une aventure qui n’a pas réellement commencé.

Après réflexion et ennui, il tente sa chance dans le voisinage, chez Thomas Groleau (Clara Tardif) où sur les filles qui sont nées ou naîtront, il y en a une de « prise » et une autre en âge de fréquentation, Généria, qui dépasse 15 ans. Elle s’éprend de Gédéon mais il n’est pas prêt pour la grande demande.

Le lendemain de Noël 1910, Léonce propose à Gédéon d’aller veiller à Saint-Victor chez les Paré. Ce dernier pourra montrer son attelage de première classe, harnais et voiture, qu’il a reçu en cadeau. Ils reçoivent un accueil chaleureux, mais les deux frères se montrent discrets parce qu’un autre Cliche tourne autour de Marie-Louise. Il s’agit d’Ernest Cliche2 (branche 25), qui habite à moins d’un kilomètre des Paré. Le soir, le rival étant absent, ils pourront laisser libre cours à leurs émotions dans une partie de cartes organisée par leur complice Valère, le frère de Marie-Louise. Les prétendants étaient jumelés ainsi : Léonce avec Valère et Gédéon faisait face à Marie-Louise. Une bien belle soirée pour les Joselois!

La fin du suspense approche. Le dimanche suivant, pour le souper des fêtes de l’oncle « Tit Georges », les premiers invités à se présenter sont Génoria Paré, Gédéon, Léonce et pépère Georges, suivis plus tard par l’arrivée en carriole du chef du clan, Majorique, en compagnie de mademoiselle Paré qui vient passer la semaine avec la famille, qui recevra à son tour la parenté, à la fête des Rois. Des indices montreront la direction du vent dans le triangle amoureux. Entre autre, Marie-Louise qui s’approche de Gédéon pour voir la montre qu’il a reçue comme étrenne, et Léonce qui se retrouve avec sa cousine Fédora Cliche, au grand étonnement de ses père et belle-mère.

Le dénouement survient à la rencontre du milieu de mars 1911. Le logis des Paré dans le rang des côtes de Saint-Victor est envahi. Il paraît qu’il y a quinze garçons pour trois filles. Il y a sans doute dans ce nombre, les fils des maîtres du logis, tous en couple, excepté Valère, et du côté féminin une seule fille libre, Marie-Louise. Comme d’habitude, les deux p’tits gars du rang Petit-Saint-Antoine gardent un profil bas, mais à 23 heures 30, Valère accompagne Gédéon à l’étable pour lui apprendre qu’il est l’élu de sa sœur et que celle-ci le suivrait volontiers sur la terre ancestrale.

La belle-famille semble apprécier la tournure des événements et s’apprête à accueillir la nouvelle recrue. Le mariage se déroulera comme prévu à huit heures du matin à Saint-Victor, le 8 janvier 1912. Après le repas du midi chez les Paré, tous se déplacent à Saint-Joseph pour la vraie noce et le nouveau chez-soi pour la mariée.

Six mois plus tard, soit le 9 juillet 1912, à Saint-Joseph-de-Beauce, l’ex-amie de cœur de Gédéon, Généria Groleau se jumelle à Valère Paré, l’ami et le confident des garçons de Majorique. Celui-ci jouira d’une grande considération à Saint-Victor de Beauce, pour sa réussite en tant que cultivateur et laitier, et surtout pour son rôle dans la fondation de la Caisse populaire de son patelin, en 1937. Il en sera le premier gérant et une partie de sa résidence, le centre des opérations jusqu’en 1960.
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Note 2: Ernest Cliche est l’oncle de l’auteur de cet article, étant le frère de son grand-père, Jean-Baptiste Cliche «le B» (Emma Champagne). De plus, celle-ci, la grand-mère du généalogiste, est la sœur de Marie-Louise Champagne qui a convolé avec Amédée Paré, le frère de Marie-Louise.



Chapitre 6

MARIAGE ET ÉTABLISSEMENT DE LÉONCE

Quant à Léonce, il continue à vivre et à travailler sur la ferme de son père, en compagnie de pépère Cliche, sa belle-mère Génoria et sa belle-sœur, qui sont les deux sœurs, et son frère qui a changé de statut.

Léonce a plus de 18 ans en 1912, il regarde vers de nouveaux horizons, pour s’adjoindre une compagne de vie. Il lorgne tout près chez les Groleau du rang Saint-Bruno, où une jeune fille à peine un an plus jeune que lui, Fédora, pourrait mordre à l’appât. Ils se courtiseront pour finalement se conjuguer le 23 juin 1914, à Saint-Joseph-de-Beauce. La sœur cadette de Fédora, Angéline, se liera aussi à un Cliche, Léonidas (branche 23). Ceux-ci sont les parents du regretté Louis-Denis Cliche, qui a été trésorier et président de l’Association des familles Cliche. En faisant la recherche sur les Groleau, votre généalogiste (branche 25) a constaté qu’il était très apparenté à cette famille Groleau, par son arrière-arrière-arrière-grand-mère, Angélique Groleau et son arrière-arrière-grand-mère, Georgianna Groleau.

Il faut maintenant établir Léonce. Majorique lui a réservé la ferme qu’il a acquise de son frère Wilfrid Cliche et sa belle-sœur, Mérilda Paré, dans le rang Saint-Bruno. Ceux-ci, après la naissance de quatorze enfants, dont dix décédés en bas âge, se sont dirigés vers d’autres pâturages, soit dans le septième rang d’East Broughton, vers 1912. Léonce se retrouve ainsi, du côté ouest, voisin de ses beaux-parents, Thomas Groleau et Clara Tardif. À l’est, sa terre est bornée par le lot de Gédéon Lachance (Léda Paré) qui a remplacé un autre frère de Majorique, Thomas Cliche (Frédéline Roy, dont la mère est une Paré, cousine de Léda), déménagé en 1910, dans le cinquième rang de Saint-Victor de Tring.

 





 La ferme de
Léonce Cliche,
au no 246, du rang Saint-Bruno.
Elle avait été exploitée précédemment par son oncle Wilfrid Cliche (Mérilda Paré), et par la suite par son neveu Paul-Émile Cliche, puis Roland Poulin.



Il s’agit d’une exploitation agricole relativement modeste par ses dimensions, trois arpents de large sur une profondeur de 24 arpents, comparativement à 30 pour les lots du Petit-Saint-Antoine, et à 40 arpents pour ceux du bord de l’eau. Léonce et Fédora commenceront leur vie de ménage avec l’essentiel pour se tirer d’affaires : quelques vaches, une paire de bœufs pour les gros travaux, des cochons et des poules, plus les équipements indispensables pour la culture de la terre. Ils disposent évidemment d’un jardin dont les surplus sont mis en conserves et parfois vendus au village. Ils pratiquent comme c’est souvent le cas à l’époque de la culture vivrière, c’est-à-dire de subsistance.

De plus, une partie de la terre est marécageuse et même s’ils font de l’abatis ou de la terre neuve, la superficie en pâturage ne leur permet pas de faire de l’agriculture commerciale. Il livre donc peu de lait à la fromagerie gérée par ses cousins Roy (fils d’Angélina Cliche).

Léonce possède un attelage avec un carillon particulier qui le fait reconnaître sur tout le parcours. Il y avait à l’époque une compétition sur la beauté et la sonorité des carillons. Très sociable et aimé des gens, il aime aller au village pour le plaisir et les affaires. Il vend du stock aux notables du chef-lieu de la Beauce : poules, œufs, bois, tête de lard et boudin préparés par Fédora. Il n’a pas oublié les Lessard et il garde contact avec les frères et sœurs de sa mère.
À la veille de la grande dépression en 1928, il achète une auto, une Ford T, à deux portes, et son cousin et ami, Euclide Roy lui fait compétition avec une Chevrolet. Surprise! Le papa de 60 ans, qui vient de perdre une importante somme d’argent placée chez le courtier et agent d’assurance, Jules Vézina, qui a fait faillite en octobre 1928, acquiert une Ford, quatre portes payée mille dollars en juin 1929. Léonce est nerveux parce qu’il n’a pas confiance dans la dextérité de Majorique pour dompter « la bête ». Donc, Léonce et Euclide donnent une leçon de conduite à Gédéon, au cas où… Ils avaient raison, à sa première expérience, « son père » a confondu pédale à gaz et pédale à frein. Gédéon a permis d’éviter le pire et deviendra ainsi le chauffeur attitré. Ce véhicule existe toujours et il serait remisé à Saint-Frédéric de Beauce. Les trois automobiles des rangs Petit-Saint-Antoine et Saint-Bruno appartenaient à des descendants de Georges Cliche (Lucie Lessard).

En plus de l’achat d’un véhicule, d’autres exemples démontrent le côté avant-gardiste et peut-être aventurier de Léonce. À la suggestion de sa fille aînée, il sera le premier à monter un arbre de Noël dans le rang Saint-Bruno, à posséder une lampe Aladin, un gramophone avec des disques, et à offrir un accordéon à Blanche-Irène dans une des périodes les plus sombres du XXe siècle, les années '30.
Léonce en chemise et cravate rend visite aux
poules sur sa ferme.
À remarquer aussi la maison ancienne.


Il vivait sans doute au-dessus de ses moyens et il en vint à acheter des quarts (boisseaux) de pommes pour se servir du fruit comme monnaie, au grand déplaisir du paternel. Peut-être a-t-il perdu de l’argent dans certains commerces comme l’élevage des renards argentés, populaire dans les années 1920 et 1930, et des poules? Toujours est-il qu’en 1937, la famille doit quitter la ferme du rang Saint-Bruno, après vingt-trois ans de labeur, et la naissance de neuf enfants, dont quatre convoleront, deux décéderont en bas âge, et trois à la naissance.


Chapitre 7




DÉPLACEMENTS



a) Sortie nord du village de Saint-Joseph de Beauce (1937 – 1939)

Des parents et amis, le docteur Odilon Cliche et son frère Henri, petits-cousins de Léonce par leurs grands-mères, Sophie et Lucie Lessard, persuaderont Joseph Perron, commerçant et marchand du lieu, de placer sur une de ses terres la famille Cliche-Groleau. Celui-ci est aussi apparenté par sa grand-mère Sylvie Cliche à « Pierrette », cousine de Georges, le grand-père de Léonce. Par rapport à aujourd’hui, la ferme était située à la sortie nord de Saint-Joseph, en bas de la route de contournement de la ville, voisine de l’ancienne ferme de Jean-Baptiste Lambert.

Claire, Léonce et Fédora,
sur la rue Bédard, à Charlesbourg. 


b) Québec (1939 – 1943)

Après deux ans au service des Perron, toujours avec l’aide d’un fils de la famille de Wilfrid Cliche et Ernestine Cloutier, Émile Cliche, docteur en pharmacie et professeur à l’Université Laval, trouve dans ses relations un industriel prêt à accueillir les quatre Beaucerons (Léonce, Fédora, Claire-Hélène et Yvon Cliche) pour faire de la maintenance sur sa ferme. Il s’agit d’un notable, propriétaire d’une importante entreprise de chaussures, dans les affaires, de la fin du XIXe à 1953, sous la raison sociale, Compagnie A. E. Marois Ltée, dans le quartier Saint-Roch. Il se nomme Alfred-Eugène Marois (Anna Bélanger), et par pur hasard, 13 ans plus tard, Émile Cliche mariera en deuxième noce leur fille Oliva Marois, le 16 février 1952, à Québec.


c) Charlesbourg (1943 – 1961)

En 1943, un retour aux sources, les ex-Joselois de Québec se déplacent sur la rue Bédard à Charlesbourg, qui honore une des grandes familles pionnières de cette ville. Cent-soixante-dix ans plus tôt, en octobre 1773, Jean-Baptiste Cliche, petit-fils d’une famille souche de Charlesbourg, Vincent Cliche (Marie-Anne Choret, 1711), faisait le chemin inverse pour venir coloniser Saint-Joseph-de-la-Nouvelle-Beauce, accompagné de son épouse Geneviève Bourbeau et leur premier enfant Jean-Baptiste Cliche. Ils seront la première famille Cliche de la Nouvelle-Beauce et ceux qui introduiront ce patronyme dans la vallée de la Chaudière.

Pendant cette période, Léonce s’éloignera de la rue Bédard pour un séjour à Shipshaw, sur les chantiers du barrage et de l’aluminerie. Il vivra aussi des problèmes de santé. Il garde la nostalgie de la terre. Il commence donc par louer une ferme dans le rang Saint-Joseph, près d’un poste d’Hydro-Québec, qu’il achètera par la suite. Ce fut d’abord un choc pour Mme Cliche. Une senteur désagréable se dégageait en entrant dans la maison ; il paraît qu’il y avait eu un poulailler au deuxième étage. À la vue de la cuisine et du salon, « elle a pris la porte arrière, puis est descendue jusqu’à la voie ferrée, tout près. Son époux dit alors à Claire et Yvon : laissez faire, elle va revenir ! » Effectivement, elle revint et entreprit un grand ménage.

Comme sa ferme de quelques animaux (vaches, poules et cheval) l’occupe partiellement, il trouve un emploi à la papeterie Anglo Pulp, où il semble faire de l’entretien, par exemple, s’occuper des fleurs que l’entreprise importait de Hollande.

Peu importe les circonstances, Léonce est fier pour lui-même et son épouse. À chaque année jusqu’à 65 ans, il achète des habits neufs et des robes, et il porte des paletots faits sur mesure. Il apprécie se faire conduire en taxi. Il est sociable et pour lui les classes n’existent pas. Donc il a beaucoup d’amis et tout le monde lui parle. Il ne se laisse pas abattre par les revers de fortune et se plaît à dire que « ce n’est pas écrit dans le dos qu’on a de la misère ». Étant « jovialiste » avant la création de cette philosophie par André Moreau, et toujours bien mis, il est certain que rien n’y paraît. Léonce rend l’âme le 27 novembre 1961; il avait 67 ans et demi.


Chapitre 8

Madame FÉDORA GROLEAU

Le parcours de Mme Léonce Cliche se poursuivra pendant de longues années. Après le décès de son mari, elle a pris des pensionnaires « pour remettre de la vie dans la maison et lui aider à surmonter sa peur. »

Elle est habituée à l’animation puisqu’elle vient d’une famille de seize enfants, quatre garçons et douze filles. Celles-ci étaient très connues dans l’entourage parce que leurs prénoms se déclinaient en i ou en a: Généria, Fédora, Elmina, Imelda et Olive, Olivine, Aline, Armandine, Angéline, avec trois exceptions, Yvonne et deux Marie-Laure (une est décédée en bas âge).

Le mariage lui donnera peu de répit parce qu’une femme d’agriculteur au début du XXe siècle participe à la besogne, s’occupe de la maison et du jardin et portera deux enfants dans les trois premières années de leur union, soit Rose-Alma, 1915, et Blanche-Irène 1917, qui se marieront dans la Beauce. Entre 1918 et 1926, une période plus sombre, cinq grossesses de poupons qui ne survivront pas, et finalement deux chérubins, Claire, 1927, et Yvon, 1930, qui égaieront la maisonnée et qui se feront « gâter » par leurs parents et leurs deux sœurs. Ceux-ci découvriront l’amour à Charlesbourg.
 
À son centième anniversaire de naissance, Fédora Groleau, a reçu une centaine de membres de sa famille de plusieurs générations. Quatre générations entourent la cinquième : Fédora Groleau, Rose-Alma Cliche, Dolorès Giguère, Martin Tremblay et Maxime Tremblay.
Malgré sa surdité, elle fut une femme heureuse. Elle est décrite « comme une femme souriante, sociable, enjouée et aimante » et ses enfants ont le « sentiment que sa vie a toujours été belle. » « Ses passe-temps favoris sont le magasinage, les ballades en ville, le jeu de cartes » et lorsqu’elle vivra à Québec et Charlesbourg, les visites à sa mère et chez ses sœurs. Elle apprécie particulièrement Québec pour ses commodités et sa beauté.

À 78 ans, le 10 juillet 1973, elle est admise au Foyer de Charlesbourg où elle tisse des liens chaleureux avec le personnel. Ils aiment la personne, « sa bonne humeur, sa sociabilité, son caractère. Son sens de l’humour apporte beaucoup aux employés et bénévoles, qui l’affectionnent. » Elle y fêtera ses 100 ans le 22 avril 1995, avec sa famille et la présence de descendants sur cinq générations, et une deuxième célébration organisée par le personnel du Foyer se déroulera le 26 avril. Elle y décède le 22 juillet 1997, à l’âge de 102 ans et 3 mois, et sera inhumée dans sa ville natale, Saint-Joseph-de-Beauce, le 29 du même mois.

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Pour terminer, l’auteur tient à remercier sincèrement les enfants du couple Cliche-Groleau qui l’ont chaleureusement accueilli deux fois chez Rose-Alma Cliche à Charlesbourg. En plus de l’hôte, les quatre familles étaient représentées, par Claire, Pauline Jacques, fille de Blanche-Irène, et à la deuxième réunion, Yvon absent de la première rencontre pour des raisons de santé. Il a pu constater l’amour inconditionnel de ceux-ci pour un père original et bon vivant et une mère exceptionnelle. Il se peut qu’il y ait quelques imprécisions dans le texte, dues au silence des notes et à leur interprétation après plusieurs années à dormir dans les chemises (cartons). Un autre texte avec la présentation des quatre couples issus de l’union de Léonce Cliche et Fédora Groleau paraîtra dans un avenir rapproché.

Marcel Cliche